Dakar, le 15 décembre 2022—En réponse à la décision d’un tribunal sénégalais d’accorder une liberté provisoire au journaliste Pape Alé Niang avec des conditions strictes, le Comité pour la protection des journalistes a publié jeudi la déclaration suivante appelant à mettre fin à ce harcèlement judiciaire :
« Le fait que le journaliste Pape Alé Niang ne soit plus dans une cellule de prison au Sénégal n’est qu’un maigre soulagement compte tenu des conditions restrictives de sa liberté provisoire », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « Les autorités doivent lutter contre l’érosion de la démocratie sénégalaise en abandonnant toutes les poursuites judiciaires contre Niang et en réformant les lois du pays pour veiller à ce que le journalisme ne soit pas criminalisé. »
Le mercredi 14 décembre, un juge d’instruction sénégalais a accordé une liberté provisoire a Niang, directeur du site Web privé Dakarmatin, mais a saisi son passeport et lui a interdit de voyager à l’étranger ou de parler publiquement de son affaire, a déclaré au CPJ Ciré Clédor Ly, l’un des avocats de Niang, par téléphone.
La libération de Niang fait suite à sa grève de la faim qui a commencé le 2 décembre et s’est terminée mercredi, ainsi qu’aux manifestations des journalistes locaux à l’Assemblée nationale lundi, selon Ly et les médias.
Le 6 novembre, la police a arrêté Niang dans la capitale sénégalaise, Dakar, et le 9 novembre, il a été inculpé de divulgation d’informations de nature à nuire à la défense nationale, de recel de documents administratifs et militaires et de diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques. Il risque jusqu’à cinq ans de prison s’il est reconnu coupable.
Niang a figuré dans le recensement carcéral de 2022 du CPJ des journalistes détenus en raison de leur travail parce qu’il était toujours derrière les barreaux au 1er décembre, date du recensement.
Les accusations font suite à une vidéo publiée le 3 novembre par Dakarmatin, dans laquelle Niang a relayé le contenu d’un rapport de gendarmerie censé exonérer Ousmane Sonko, chef de l’opposition et candidat à la présidentielle de 2024, inculpé de viol, a déclaré Ly au CPJ.