New York, le 2 avril 2013– Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) salue la libération sous caution accordée aujourd’hui par la justice malienne à Boukary Daou, directeur de publication du quotidien Le Républicain, qui a été déténu pendant 27 jours pour la publication par son journal d’une lettre ouverte d’un supposé officier de l’armée. Le CPJ demande également au procureur d’abandonner les poursuites contre ce journaliste.
M. Daou a été libéré de la prison centrale de Bamako, la capitale malienne, aux environs de 15 heures après qu’un juge a accepté sa demande de libération sous caution en attendant son procès, a déclaré au CPJ Assane Koné, rédacteur en chef du Républicain. M. Daou a déclaré au CPJ qu’il partageait une cellule avec une cinquantaine de détenus. Il a été accusé d’incitation à la mutinerie et de publication de fausses nouvelles, et risque jusqu’à trois ans de prison et une amende maximale de 150 million de francs CFA (soit 293.000 dollars américains) s’il est reconnu coupable, selon des journalistes locaux. Son procès devrait reprendre le 16 avril courant.
« Nous sommes soulagés que Boukary Daou soit enfin libéré, après avoir passé près d’un mois derrière les barreaux », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. «Nous exhortons le procureur à abandonner les accusations portées contre lui, qui pénalisent la liberté de presse et la liberté d’expression », a-t-il martelé.
M. Daou a été arrêté le 5 mars dernier par la Sécurité d’État, l’agence de renseignement du Mali, le jour même où son journal a publié une lettre ouverte d’un supposé officier de l’armée malienne adressée au président Dioncounda Traoré. Dans cette lettre, l’officier, un certain capitaine Touré, s’est insurgé contre la compensation financière offerte au capitaine Amadou Haya Sanogo, qui avait mené le coup d’état du 22 mars 2012, mais qui a été récemment nommé pour réformer et diriger les forces de sécurité du Mali. L’auteur s’est interrogé pourquoi un ancien chef putschiste a été récompensé et a menacé de déserter le champ de bataille si le gouvernement ne retirait pas cette allocation financière.
Le capitaine Sanogo avait cédé le pouvoir au gouvernement de Dioncounda Traoré trois semaines après le coup d’état de 2012, qui a précipité le pays dans l’instabilité après que des séparatistes touaregs et des militants d’Al-Qaïda se sont emparés de la moitié du pays.
M. Daou a été détenu au secret pendant huit jours sans inculpation, selon ces médias. Le président Traoré avait déclaré à l’époque que la détention du journaliste était dans le cadre de l’état d’urgence en vigueur au Mali, qui donne au gouvernement et aux autorités locales de vastes pouvoirs de perquisition, de saisie et d’arrestation au nom de la sécurité nationale, selon des médias.
- Pour plus de données et d’analyses sur le Mali, veuillez consulter le rapport Attaques contre la presse du CPJ.