Abuja, le 14 janvier 2013–Au moins quatre journalistes seraient blessés par la police jeudi dernier alors qu’ils faisaient un reportage sur une manifestation anti-gouvernementale à Lomé, la capitale togolaise, selon des médias. Plusieurs journalistes, ainsi que l’organisation locale pour la défense de la liberté de la presse locale, SOS Journalistes en Danger, ont affirmé que la police avait ciblé un groupe de reporters avec des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc dans le but de les empêcher de couvrir les manifestations, selon des médias.
Ces derniers mois, une coalition de l’opposition et de la société civile a organisé des manifestations pour exiger des réformes gouvernementales avant les élections législatives prévues en mars prochain, selon des médias. Cette coalition œuvre également pour le départ du parti au pouvoir, qui dirige le pays depuis plus de quatre décennies, ont rapporté des médias.
« Nous sommes préoccupés par les informations selon lesquelles des policiers togolais ont délibérément ciblé des journalistes qui faisaient des reportages sur une manifestation publique », a déclaré depuis New York le directeur adjoint du CPJ, Robert Mahoney. « Nous demandons aux autorités togolaises d’enquêter sur ces allégations et de demander des comptes aux policiers mis en cause. Il est important de permettre à la presse de rendre compte librement de l’actualité dans la perspective des élections pour s’assurer que les électeurs seront bien informés », a-t-il martelé.
Noel Kokou Tadegnon, correspondant de la chaîne de télévision britannique, Reuters TV, la chaîne de télévision africaine basée à Londres, Vox Africa, et la chaîne de télévision allemande, Deutsche Welle, a déclaré que la police l’avait directement ciblé dans un groupe d’environ 15 autres journalistes qui couvraient les manifestations. «Nous portions nos gilets avec la mention ‘Presse’. Mais j’ai été ciblée par la police, qui a tiré sur moi deux fois avec des grenades lacrymogènes », a déclaré Tadegnon. Il a avoir été blessé au bras et au poignet droit.
Marcelin Adangnonsi, journaliste de la radio locale Légende FM a déclaré au CPJ avoir été atteint d’une balle en caoutchouc au bras gauche quant la police a ciblé le groupe. En outre, Jean-Claude Abalo, correspondant du magazine Jeune Afrique basé à Paris, s’est disloqué le bras après qu’il est tombé pendant qu’il tentait de fuir l’attaque avec d’autres journalistes, a déclaré Tadegnon au CPJ.
Lors de la manifestation, la police a également bastonné Pedro Amouzou, directeur de publication de l’hebdomadaire Crocodile News et conseiller de l’organisation de défense de la liberté de la presse Journaliste en Danger (JED), et l’a brièvement détenu, selon des médias.
Le ministre togolais de la Sécurité et de la protection civile, le colonel Yark Damehane, a nié le ciblage délibéré des journalistes. Il a déclaré être au courant que Tadégnon avait été touché par une grenade lacrymogène, parce que le journaliste l’avait appelé. Cependant, il a nié l’allégation selon laquelle Tadegnon avait été visé par la police.
Il convient de souligner que Tadegnon a été ciblé dans le passé. En avril dernier, la police a agressé ce journaliste et confisqué son appareil photo alors qu’il couvrait des manifestations lors du 52ème anniversaire de l’indépendance du Togo, mais son matériel lui a été rendu par la suite. Tadegnon a également déclaré au CPJ que Tony Sodji, reporter de la station de télévision locale TV7, a été atteint au visage par une pierre lancée par des manifestants.
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