New York, le 3 septembre 2009—Cinq journalistes et une station de télévision couvrant l’élection présidentielle contestée au Gabon, qui a déjà été entachée par la censure des médias, ont été attaqués depuis ce mercredi, selon des journalistes locaux et des médias.
Les résultats officiels publiés jeudi ont déclaré Ali Ben Bongo—fils d’Omar Bongo, le défunt président qui a dirigé ce pays de l’Afrique équatoriale riche en pétrole pendant 41 ans—vainqueur de la présidentielle de dimanche dernier, parmi 18 candidats en lice. Cependant, les contestations de ces résultats ont dégénéré en troubles violents. Ainsi, des journalistes et des médias perçus comme étant partisans d‘Ali Ben Bongo ou de ses rivaux ont été attaqués.
Aujourd’hui, les militants des adversaires de Bongo, rassemblés devant le siège de la Commission nationale électorale du Gabon, ont agressé quatre journalistes de la Radio Télévision Nazareth (RTN), une station chrétienne appartenant au candidat Georges Bruno Ngoussi, selon des journalistes locaux.
Ces quatre journalistes, notamment Jonas Moukala, Jean Corneille Mangoungou, Parfait Sadibi et Juste Ndjana, respectivement rédacteur en chef, secrétaire de rédaction, reporter et cameraman de la RTN, ont souffert des contusions tandis que leur matériel a été endommagé, a déclaré Mangoungou au CPJ depuis une clinique de la capitale gabonaise, Libreville.
« Les politiciens doivent empêcher leurs militants d’attaquer des journalistes et des médias perçus comme étant partisans de leurs rivaux », a déclaré le directeur de la section Afrique du CPJ, Tom Rhodes. « Nous demandons à toutes les tendances politiques et aux autorités du Gabon d’assurer la sécurité des journalistes qui couvrent les élections ».
Mercredi, vers 20h, des militants du candidat Pierre Mamboundou ont agressé Patrick Bibang, coordinateur de rédaction de la radio internationale Africa Numero 1. Cependant, Bibang n’a pas été grièvement blessé. Les militants ont ensuite présenté des excuses, a-t-il dit, ajoutant qu’il a été confondu avec un journaliste de Télé Africa, une station locale considérée par ces militants comme étant progouvernementale.
Le même jour, vers 3h du matin, des hommes armés masqués ont criblé de balles un poste émetteur satellite de la télévision à vocation internationale Go Africa, appartenant au candidat André Mba Obame, selon des médias. Cependant, le ministère gabonais de l’Intérieur a nié avoir eu connaissance de cet incident et a refusé de faire des commentaires, a rapporté l’Agence France-Presse.
Patrick Ceyrano, un reporter de TV+, une filiale locale de Go Africa, a déclaré au CPJ que des témoins ont entendu des rafales d’armes automatiques et un gardien a décrit les tireurs comme des hommes en vêtements noirs à bord d’une Toyota blanche 4×4. Selon Ceyrano, TV+ n’a pas diffusé depuis dimanche dernier et des journalistes d’une autre station sœur, Radio Nostalgie, ont suspendu leurs programmes par crainte de représailles.
Il convient de souligner que tandis que les attaques et la censure limitaient la couverture de certains médias traditionnels, des reportages en temps réel sur le déroulement de l’élection et ses suites ont été régulièrement diffusés à travers des blogueurs utilisant la plateforme de réseau social Twitter.