Dakar, le 2 février 2023 – Suite à de nombreuses informations parues dans la presse selon lesquelles la police aurait arrêté plusieurs personnes, dont des membres éminents des forces de sécurité camerounaises, dans le cadre de son enquête sur le meurtre du journaliste camerounais Martinez Zogo, le Comité pour la protection des journalistes a publié le communiqué suivant :
« Les autorités camerounaises doivent assurer la transparence de l’enquête sur le meurtre brutal de Martinez Zogo et veiller à ce que le processus soit suivi de manière à rendre pleinement justice », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « Malheureusement, les enquêtes passées sur la mort de journalistes, dont Samuel Wazizi, laissent beaucoup à désirer, et les autorités doivent veiller à ce que leurs enquêtes et conclusions concernant le meurtre de Zogo soient publiques et crédibles. »
Le jeudi 2 février, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence du Cameroun, a annoncé que les enquêtes avaient conduit à l’arrestation de plusieurs individus « fortement soupçonnés d’être impliqués dans ce crime odieux », et que d’autres étaient toujours recherchés. Les noms des personnes arrêtées ne sont pas mentionnés dans le communiqué.
Selon ces mêmes informations, les enquêtes ont conduit aux récentes arrestations de Léopold Maxime Eko Eko, chef de la Direction générale du renseignement extérieur (DGRE), et Justin Danwe, directeur des opérations à la DGRE.
Des assaillants non identifiés ont enlevé Zogo, directeur de la radio privée Amplitude FM, alors qu’il se trouvait dans sa voiture dans la soirée du 17 janvier dans la capitale Yaoundé. Les assaillants ont poursuivi Zogo, qui avait récemment enquêté sur un détournement présumé de fonds publics impliquant un éminent homme d’affaires, jusqu’au portail d’un poste de gendarmerie situé près de chez lui, où il avait demandé de l’aide. Le corps mutilé de Zogo a été retrouvé le 22 janvier. Les autorités camerounaises ont annoncé le jour même qu’elles avaient ouvert une enquête pour retrouver les auteurs et les traduire en justice.
Lors d’un autre incident, en août 2019, le journaliste camerounais Samuel Wazizi est décédé alors qu’il était en garde à vue, mais selon les recherches du CPJ, les autorités n’ont informé la famille de Wazizi de sa mort qu’au bout de 10 mois et n’ont toujours pas restitué son corps. Le CPJ a appelé les autorités camerounaises à rendre des comptes sur la mort de Wazizi. Au moins cinq journalistes sont toujours derrière les barreaux au Cameroun en raison de leur travail, selon le recensement des journalistes emprisonnés du CPJ du 1er décembre 2022.