Lamine Traoré, reporter à la radio privée Radio Oméga, et Ahmed Newton Barry, ancien rédacteur en chef du journal privé L’Evènement, ont reçu des menaces distinctes et anonymes via des groupes WhatsApp au début du mois de décembre 2022, selon des informations parues dans la presse et les deux journalistes, basés au Burkina Faso, qui se sont entretenus avec le CPJ par téléphone.
Traoré, qui est également correspondant pour la radio Voice of America, financée par le Congrès américain, a déclaré au CPJ que les menaces proférées contre lui étaient liées à un reportage radio qu’il a produit le 1er décembre au sujet d’une réunion entre le président de transition du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, et des organisations de la société civile.
Le journaliste a déclaré que les médias n’avaient pas été invités à la réunion et qu’il n’y avait donc pas assisté, mais a ajouté que les participants l’avaient informé que le président de transition avait prononcé un discours mentionnant une tentative de coup d’État contre le gouvernement. Lorsque le journaliste a diffusé ce reportage sur Radio Oméga, des partisans du gouvernement ont commencé à publier des menaces contre lui dans des groupes WhatsApp, dont le CPJ a examiné des copies, appelant les gens à protester contre le travail du journaliste. Une personne se présentant comme un partisan du président a proféré cette menace anonyme : « Tout le monde doit s’opposer à ce que dit Lamine Traoré. Je ne connais pas cet homme, mais je pense que ses intentions sont bizarres et nuisibles … Si les journalistes ne jouent pas leur rôle, nous devrons taper sur la table. Les ennemis du peuple, ceux qui sont capables de mettre le peuple sur la mauvaise voie, comme Lamine Traoré, doivent être corrigés. ».
Par ailleurs, Barry a déclaré au CPJ que les menaces proférées contre lui faisaient suite à son message publié sur Facebook le 3 décembre expliquant les failles juridiques de la décision prise par le gouvernement en décembre 2022 de suspendre la radio française Radio France Internationale.
Dans une vidéo publiée dans des groupes WhatsApp et traduite par Barry pour le CPJ, une personne anonyme se présentant comme un partisan du gouvernement et s’exprimant dans la langue locale Mooré, a appelé le président de transition à tuer les gens comme Barry : « Je demande au capitaine Ibrahim Traoré de tuer les gens comme (Ahmed Newton Barry) qui ne sont pas des êtres humains mais des animaux. »
Dans un communiqué publié le 5 décembre, le gouvernement du Burkina Faso a exprimé sa préoccupation face aux menaces.
En juin 2022, Barry a également reçu des menaces, après avoir critiqué le travail entre le gouvernement malien et une compagnie de mercenaires russe.
Joint par le CPJ par téléphone, Jean Victoire Ouédraogo, directeur de la communication du Premier ministre du Burkina Faso, a refusé de s’exprimer et a déclaré que les organisations de médias locaux étaient mieux placées pour commenter les menaces.