New York, le 7 mai 2021 – Le Comité pour la protection des journalistes s’est déclaré aujourd’hui très préoccupé pour la sécurité du journaliste français Olivier Dubois, et a appelé toute partie le retenant prisonnier à le libérer immédiatement sain et sauf.
« Le journaliste français Olivier Dubois doit être libéré immédiatement sain et sauf, et les autorités françaises et maliennes doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour tenir ses ravisseurs responsables de leurs actes », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ. « L’enlèvement de Dubois rappelle que les journalistes couvrant la région du Sahel font face à une très forte menace d’enlèvement et travaillent dans des circonstances très dangereuses. »
Dubois a été porté disparu dans la région malienne de Gao le 8 avril, alors qu’il cherchait à interviewer un dirigeant local du groupe affilié à Al-Qaïda Jamaa Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), Abdallah Ag Albakaye, selon le quotidien français Libération, pour lequel Dubois travaillait souvent comme correspondant. L’article révèle que le quotidien avait refusé cette interview, jugée trop dangereuse.
Dubois s’est rendu en avion à Gao pour interviewer Ag Albakaye le 8 avril, a déclaré son fixeur à l’Agence France-Presse, ajoutant que le journaliste séjournait au motel Askia et qu’il avait été vu pour la dernière fois dans une voiture en compagnie de « plusieurs hommes ». L’article révèle que Dubois n’était pas en possession de son téléphone ou de son passeport qui ont été trouvés plus tard dans la chambre d’hôtel.
Toujours selon cet article, le fixeur, un infirmier que Dubois connaissait depuis de nombreuses années et dont le nom n’a pas été divulgué, a aidé à organiser l’interview et est actuellement en garde à vue dans les locaux de la police malienne à Bamako, la capitale, après avoir été interrogé par les forces françaises engagées dans l’opération antijihadiste Barkhane.
Lorsque Dubois ne s’est pas présenté à son vol retour vers Bamako le 10 avril, l’ambassade de France a rapidement donné l’alerte, mais sa disparition n’a pas été immédiatement révélée car les autorités œuvraient discrètement à sa libération, selon The Washington Post.
L’enlèvement du journaliste a été rendu public dans une vidéo mise en ligne dans la nuit du 4 au 5 mai, montrant Dubois assis dans une tente et expliquant qu’il était détenu par le JNIM. Dans la vidéo de 21 secondes, que le CPJ a visionnée, Dubois appelle sa famille, ses amis et les autorités françaises à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir sa libération.
La disparition de Dubois a été confirmée dans un communiqué publié sur le site Web du gouvernement français le 5 mai dans lequel le gouvernement a indiqué être en contact avec sa famille ainsi qu’avec les autorités maliennes. Il a également ajouté qu’il procédait « aux vérifications techniques d’usage [de la vidéo] ». Selon les médias, une enquête préliminaire pour enlèvement a été ouverte en France auprès du parquet national antiterroriste.
La vidéo a été mise en ligne par Wareeth al-Qassam, un média pro-Al-Qaïda, qui n’a pas pour autant revendiqué l’enlèvement du journaliste, selon les médias. La date à laquelle la vidéo a été enregistrée, l’endroit où elle a été tournée et les circonstances dans lesquelles elle a été réalisée n’ont pas été vérifiées, selon les médias.
Le journaliste, né en Martinique, a récemment travaillé comme correspondant pour Libération et les magazines Le Point et Jeune Afrique, et a travaillé auparavant pour le Journal du Mali, un journal malien local, selon les médias. Une source anonyme qui connaît bien le travail de Dubois le décrit à la Fédération internationale des journalistes comme « l’un des journalistes les plus connectés et les mieux implantés de la région. C’était sa dernière année avant de rentrer en France et il avait décidé de se consacrer aux reportages sur terrain ».
Fin avril, les journalistes espagnols David Beriain et Roberto Fraile ont été tués dans le pays voisin du Burkina Faso, après avoir été enlevés par un groupe djihadiste alors qu’ils tournaient un documentaire, comme l’a documenté le CPJ à l’époque.
Auparavant, en novembre 2013, les journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon, de la chaîne publique française Radio France Internationale, avaient été enlevés et tués après avoir interviewé un dirigeant séparatiste au Mali.
Dans un rapport publié en 2020, la BBC décrit le Tchad, le Niger, le Mali, le Burkina Faso et la Mauritanie comme « une ligne de front dans la guerre contre le militantisme islamiste depuis près d’une décennie ».
Le CPJ a appelé le numéro figurant sur le site Web du Premier ministre du Mali pour obtenir des commentaires, mais en vain. Le CPJ a envoyé un message au ministère de la Sécurité et de la Protection civile par l’intermédiaire de son site officiel, mais n’a reçu aucune réponse immédiate.
Le CPJ a appelé Mohamed Salia Touré, un porte-parole du gouvernement, mais l’appel a été interrompu en raison d’une mauvaise connexion. Contacté à nouveau via l’application de messagerie, Touré a référé le CPJ à Hamadoun Touré, le ministre malien de la communication, et lui a fourni un numéro de téléphone. Les appels du CPJ vers ce numéro ne se sont pas connectés.