New York, le 9 janvier 2013– Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) devraient demander des comptes aux militaires impliqués dans une attaque contre une station de radio dans la ville orientale de Kabambare, ainsi que la détention arbitraire et la bastonnade de deux journalistes de ladite station, a déclaré aujourd’hui le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont pris d’assaut le 2 janvier courant la station communautaire Radio Tujenge Kabambare, saccagé ses studios et confisqué son matériel, notamment des ordinateurs, groupes électrogènes, panneaux solaires, téléphones portables et enregistreurs, selon le directeur de la station et l’Observatoire de la liberté de la presse, OLPA, basé en RDC. Les soldats ont détenu Senghor Fundi Kamulete et Shabani Bin Shabani, respectivement directeur des programmes et technicien de ladite station, pendant quelques heures dans un camp militaire où ils ont été bastonnés à coups de crosse, a rapporté l’OLPA. Fundi et Shabani ont été hospitalisés et sont en train d’être traités pour blessures à la tête, la poitrine et aux bras, a dit au CPJ le directeur de la station, Gekalom Kalonda Mukelenge.
Mukelenge a déclaré qu’un autre groupe de militaires a également fait une descente à sa résidence, qui est proche des locaux de la station, l’accusant de cacher un membre du groupe rebelle du M23. Les militaires auraient agressé des membres de sa famille et vandalisé sa maison, a-t-il dit.
La raison de ces attaques n’était pas immédiatement claire. Mukelenge a précisé que la station n’avait pas traité un sujet sensible d’actualité ces derniers jours. Cependant, il a souligné que la station a dans le passé diffusé des reportages critiques à l’égard de l’armée, y compris des interviews avec des citoyens locaux accusant les miliaires d’extorsion de fonds à des points de contrôle arbitraires.
« Nous condamnons le pillage de Radio Tujenge Kabambare et les agressions de ses journalistes, qui ont le droit de faire des reportages sur les activités de l’armée sans entrave ni intimidation », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons aux autorités congolaises de demander des comptes aux militaires impliqués en vertu de la loi », a-t-il martelé.
Le porte-parole du gouvernement congolais, le ministre de la communication Lambert Mende, a déclaré au CPJ qu’il a été informé des attaques aujourd’hui et qu’une enquête était en cours. «J’ai adressé une note urgente à mon collègue, le ministre de la Défense. Demain, je serai fixé sur les mesures à prendre », a-t-il dit. «Ce n’est pas acceptable. L’armée n’est pas chargée de mener des opérations de police. Nous allons faire la lumière sur cette affaire », a-t-il dit.