New York, le 31 octobre 2012–Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) s’insurge contre une lourde peine de prison prononcée lundi dernier contre le directeur de publication d’un hebdomadaire au Burkina Faso et exhorte les autorités à concrétiser la dépénalisation des délits de presse.
Un juge du tribunal de grande instance de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, a condamné Lohé Issa Konaté du journal privé L’Ouragan à 12 mois de prison ferme, une amende d’1,5 millions de francs CFA (soit 2.900 dollars américains) et le versement de 4 millions de francs CFA (soit 7.800 dollars américains) de dommages et intérêts au procureur de la République, Placide Nikiéma, selon des médias. En plus de l’amende, le juge a également suspendu ledit journal pour six mois, selon les mêmes sources.
M. Konaté a été incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou après l’annonce du verdict, alors que son avocat, Me. Halidou Ouédraogo, a dit qu’il ferait appel, selon la presse.
M. Nikiéma avait porté plainte contre L’Ouragan pour diffamation suite à deux articles publiés dans les éditions du 1er août et du 8 août dernier de L’Ouragan, dont des copies ont été obtenues par le CPJ. Ces articles ont fait des analyses détaillées d’abus de pouvoir présumés, notamment l’obstruction, de la part du procureur dans le traitement d’une affaire très médiatisée de contrefaçon de billets de banque et d’un différend familial sur des biens successoraux. Le procureur a nié ces allégations et déclaré que son honneur avait été terni, selon des médias.
Roland Ouédraogo, l’auteur d’un des articles, a été condamné par accoutumance et fait l’objet d’un mandat d’arrêt, selon Justin Yarga, rédacteur en chef du site d’informations Burkina24.
« Les journalistes qui critiquent la gestion des fonctionnaires de l’état ne devraient pas être trainés devant les mêmes cours pénales qui jugent les criminels de droit commun. Il est temps que le Burkina Faso dépénalise la diffamation pour que chaque citoyen qui se sent diffamé aille pourvoir ses droits devant un tribunal civil », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons aux autorités judiciaires burkinabé d’accorder la liberté provisoire à Lohé Issa Konaté en attendant l’issue de son appel, et nous espérons que la cour d’appel cassera ces condamnations ».
Suite à la condamnation, la Société des éditeurs de la presse privée a publié une déclaration pour exprimer son choc, soulignant que « la presse au Burkina Faso n’a jamais enregistré de telles sanctions ». Ladite Société a également demandé la dépénalisation des délits de presse dans le pays.
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