New York, le 06 août 2012– Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) condamne la suspension vendredi dernier par l’agence gabonaise de régulation des médias de deux journaux privés pendant six mois pour avoir critiqué de hauts fonctionnaires.
Dans un communiqué de presse dont une copie a été obtenue par le CPJ, le Conseil national de la communication (CNC) du Gabon a accusé les hebdomadaires Ezombolo et La Une de « non respect aux institutions de la République et des personnalités qui les incarnent ». Des journalistes locaux ont déclaré au CPJ que le CNC semblait exclusivement cibler les détracteurs du gouvernement.
« La suspension d’Ezombolo et de La Une sont des actes de censure et d’intimidation visant à museler les détracteurs des autorités gabonaises », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. «Le Conseil national de la communication du Gabon devrait revenir sur cette décision et démontrer ainsi qu’elle n’est pas l’outil de censure du gouvernement », a-t-il ajouté.
« En vertu de la constitution gabonaise, le président de la République et les présidents des deux chambres du Parlement gabonais nomment chacun trois des neuf membres du CNC pour un mandat de cinq ans. En mai dernier, Guy-Bertrand Mapangou, ancien porte-parole et secrétaire-général de la présidence gabonaise, a été nommé à la tête du CNC, selon des médias.
Le CNC a accusé Ezombolo de « menace à l’ordre public » pour deux articles publiés vendredi dernier: un article exhortant les troupes à ne pas obéir aux ordres de tirer sur les manifestants et un autre qualifiant le chef de fil de l’opposition, André Mba Obame, de chef légitime de l’Etat. M. Obame s’est autoproclamé président élu et a organisé une cérémonie de prestation de serment, après avoir rejeté les résultats des élections de 2009 remportées officiellement par son rival, le président Ali Bongo. Le CNC a également cité un article du 16 juillet dernier d’Ezombolo critiquant M. Bongo et le Premier ministre, Raymond Ndong Sima.
Le journal La Une a été suspendu pour une série de reportages critiquant la politique diplomatique du président Bongo suite à son échec dans sa campagne pour la réélection de son beau -frère, Jean Ping, au poste de président de la Commission de l’Union africaine (UA). M. Ping à perdu face à Nkosazana Dlamini-Zuma dans une élection en juillet dernier, mettant ainsi fin à une rude compétition entre l’Afrique du Sud et le Gabon pour le leadership de l’Union africaine, selon des médias.