Lagos, Nigéria, le 16 août Aout 2012- Des hommes armés ont aujourd’hui réduit au silence une chaîne de télévision privée appartenant au chef de file de l’opposition gabonaise en brulant son émetteur, selon des journalistes locaux et des médias. C’est la seconde attaque armée contre cette chaîne depuis 2009.
Environ 15 individus masqués armés de fusils d’assaut et de pistolets ont neutralisé les cinq agents de sécurité de TV+ vers 1h du matin heure locale et ont incendié l’émetteur de ladite chaîne au troisième étage d’un immeuble à Libreville, la capitale du Gabon, selon des médias.
Des heures avant l’attaque, TV+, appartenant à l’ancien ministre de l’Intérieur, André Mba Obame, avait couvert de manière approfondie de violents affrontements entre les forces de sécurité et les partisans de M. Obame, qui exigent la démission du président Ali bongo et la tenue d’une conférence nationale pour rédiger une nouvelle constitution, ont rapporté des médias.
Frank Nguema, directeur général de TV+, a dit au CPJ que le motif de l’incendie criminel n’est pas clair, soulignant que les hommes armés ont brulé l’émetteur et sont partis sans rien emporter et sans blesser personne. La chaîne entend déposer une plainte à la police et au tribunal, a déclaré M. Nguema, précisant aussi que la chaîne n’émet plus du fait de cette attaque.
« Nous condamnons l’attaque armée contre TV+ et le sabotage de ses émetteurs et les considérons comme un acte de banditisme politique et de censure contre un organe de presse qui dérange le gouvernement » a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ basé à New York. « Le gouvernement gabonais doit mener une enquête crédible et transparente au risque d’être suspecté d’implication dans cette attaque », a-t-il ajouté.
Dans un entretien téléphonique avec le CPJ, Blaise Louembé, ministre gabonais de l’Information, a nié toute connaissance de cette attaque. « Je vous confirme que je ne savais pas qu’il y avait un incendie ou un sabotage contre TV+ » a-t-il déclaré. « TV+ peut aussi porter plainte pour s’assurer qu’une enquête sera menée », a souligné M. Louembé.
Des heures avant l’attaque, TV+ avait subi des coupures de courant qui avaient interrompu la couverture des affrontements et avait fait recours à des groupes électrogènes pour continuer la diffusion, selon médias.
En septembre 2009, des hommes avaient interrompu la diffusion de la chaîne durant les élections présidentielles en tirant sur ses émetteurs, selon des recherches du CPJ.