Abuja, Nigeria, le 10 juillet 2012–Un journaliste belge qui a réalisé un documentaire consacré au procès des assassins du célèbre militant des droits de l’homme Floribert Chebeyas’est vu refusé l’entrée en République démocratique du Congo (RDC) dimanche dernier. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) dénonce le refoulement de Thierry Michel de la RDC, ou il comptait projeter son film cette semaine, sur la base d’un prétendu probleme de visa. Le CPJ interprète cette décision comme une tentative de censure d’un long métrage qui soulevé des interrogations troublantes sur le meurtre de Chebeya.
Selon les déclarations du journaliste, les responsables des services de l’immigration à l’aéroport international de N’djili à Kinshasa, la capitale de la RDC, l’ont détenu et confisqué son passeport avant de le faire monter à bord d’un avion à destination de Bruxelles. Les autorités auraient justifié cette décision en accusant Michel d’être dépourvu de visa de sortie-retour, a-t-il dit.
Le documentaire de Michel, L’Affaire Chebeya, un crime d’état?, jette un regard sur la quête de justice dans l’assassinat en juin 2010 de Chebeya, le président de l’association de défense des droits humains La Voix des Sans Voix, peu après qu’il a été convoqué par le chef de la police nationale congolaise, le général John Numbi.
Les autorités de la RDC ont indéfiniment reporté les projections en privé du film, qui étaient prévues mardi et mercredi pour le corps diplomatique accrédité à Kinshasa, selon des médias. On ne sait pas si les projections en public prévues à la fin de cette semaine auront lieu.
Lambert Mende, porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication de la RDC, a déclaré au CPJ aujourd’hui que Michel « a eu des problèmes avec l’administration de l’immigration », citant des reportages un présumé problem de faux visa. Cependant, Michel a fourni au CPJ ses documents de voyage, qui comprenaient un visa de résident spécial valable qui lui autorise l’entrée gratuite dans le pays pour la période allant de février 2008 à février 2013. Le journaliste a également montré au CPJ qu’il avait une autorisation signée par Mende pour faire des reportages et réaliser un film dans le pays entre février 2012 et février 2013. Le passeport du journaliste porte aussi la preuve de nombreuses entrées et sorties de la RDC au cours des cinq dernières années.
« Les autorités peuvent évoquer un défaut de visa comme prétexte, mais il est clair qu’elles ont refusé l’entrée à Thierry Michel en vue de limiter l’accès du public en RDC à son film», a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ basé New York. « Ce refus ne fait qu’attirer l’attention sur les questions cruciales soulevées par le film de Michel, qui met en lumière l’échec du gouvernement dans l’élucidation des mystères qui entourent l’assassinat de Floribert Chebeya », a-t-il ajouté.
Michel avait également prévu d’assister à l’audience en appel le 17 juillet courant de policiers condamnés dans le cadre de l’assassinat de Chebeya. Son expulsion a suscité de vives critiques au sein de la communauté internationale.
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