New York, le 30 avril 2012– La police togolaise a agressé deux journalistes et a confisqué leur matériel alors qu’ils filmaient une marche antigouvernementale vendredi dernier à Lomé, la capitale du Togo. Des militants de la société civile et des défenseurs des droits humains s’étaient rassemblés pour la manifestation à l’occasion du 52éme anniversaire de l’accession du Togo à l’indépendance, selon les journalistes locaux.
Plus de 10 policiers ont agressé Noël Kokou Tadegnon, journaliste indépendant et correspondant de la chaîne de télévision britannique, Reuters TV, la chaîne de télévision panafricaine basée à Londres, Vox Africa, et la chaîne de télévision Deutsche Welle financée par le gouvernement allemand, alors qu’il filmait les forces de sécurité lançant des grenades lacrymogènes sur les manifestants, ont rapporté les médias. M. Tadegnon a dit au CPJ qu’un policier lui a intimé l’ordre d’arrêter de filmer, puis a ordonné aux autres agents de « s’occuper de lui ». Il a également déclaré au CPJ qu’il a été frappé au crâne et que sa caméra avait disparu lorsqu’il a repris conscience. Le journaliste a également souligné qu’il s’est rendu à un hôpital de la place pour faire soigner son enflure.
Un autre journaliste, Didier Alli, reporter de la chaîne de télévision locale, TV7, a dit au CPJ que les policiers ont saisi sa caméra alors qu’il essayait d’intervenir au cours de l’agression de M. Tadegnon. « Je leur disais de le laisser tranquille, qu’il est journaliste. Mais ils se sont rués sur moi … et m’ont arraché ma caméra », a déclaré M. Alli.
Le ministre togolais de la Sécurité, le colonel Gnama Latta, a déclaré au CPJ qu’il était au courant de l’agression des journalistes et qu’il prendrait des mesures disciplinaires si les agents sont reconnus coupables d’actes répréhensibles. Le ministre a également dit que les caméras des journalistes leur seraient restituées, mais ces derniers ont avoué aujourd’hui au CPJ qu’ils ne les ont pas encore reçues. Le CPJ n’a pas pu joindre M. Latta aujourd’hui aux fins de commentaires sur cette affaire.
« La police togolaise peut ne pas aimer que les journalistes filment ses activités publiques, mais les policiers doivent répondre de leurs actes et personne ne devrait les autoriser à museler la couverture de l’actualité par des agressions ou d’autres tactiques répressives », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons au ministre de la Sécurité d’envoyer un message clair indiquant que la police n’est pas au-dessus de la loi en veillant à ce que les policiers mis en cause répondent de leurs actes et que tout le matériel saisi soit restitué immédiatement », a-t-il martelé.