New York, le 7 mars 2012–Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) appelle les autorités togolaises à enquêter sur une agression présumée d’un journaliste par la gendarmerie vendredi dernier, après qu’il a pris des photos de policiers saisissant une moto lors d’une manifestation, selon des médias et des journalistes locaux.
Koffi Djidonou Frédéric Attipou, photojournaliste de l’hebdomadaire Le Canard Indépendant et du magazine bimensuel Sika, a déclaré au CPJ qu’il couvrait une manifestation contre les violations des droits humains perpétrées par le gouvernement lorsqu’il a tourné son appareil photo vers des gendarmes qui confisquaient la moto d’un manifestant. Les forces de l’ordre, qui font l’objet de nombreuses allégations de tactiques brutales et abusives, ont eu plusieurs échauffourées avec des journalistes couvrant leurs activités ces derniers temps, selon les medias et des recherches du CPJ.
M. Attipou a déclaré avoir reçu un coup de poing à l’œil et des coups de pied et de matraques dans le dos. Deux organisations de défense de la liberté de la presse, SOS Journaliste en Danger et Journalistes pour les Droits de l’Homme (JDHO), ont condamné cette agression et ont demandé l’ouverture d’une enquête.
Dans un entretien téléphonique avec le CPJ, le ministre togolais de la Sécurité, le colonel Dokissime Gnama Latta, a minimisé l’agression, la qualifiant de « petite égratignure ». Le colonel Latta reconnu avoir rencontré M. Attipou par la suite et a confirmé les informations de presse selon lesquelles il lui aurait remis environ 50.000 Francs CFA (soit 98 dollars américains) pour payer son traitement médical.
« La police et les forces de sécurité togolaises sont récidivistes en matière d’abus contre les journalistes », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Les allégations de Koffi Djidonou Frédéric Attipou justifient la nécessité d’une enquête sérieuse. Ses agresseurs devraient être traduits en justice pour envoyer un signal clair que les autorités ne toléreront pas un tel comportement », a-t-il martelé.
L’année dernière, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a exhorté les autorités togolaises à « mener une enquête approfondie » sur toute « atteinte à la liberté de pensée et d’expression des journalistes et des défenseurs des droits humains ou toute atteinte à leur intégrité ».
«Ceux qui commettent de tels actes doivent être poursuivis et passibles de sanctions pénales», a déclaré ledit Comité.