New York, le 24 août 2009–À la suite de l’assassinat brutal, dimanche dernier à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), de Bruno Koko Chirambiza, le troisième journaliste tué depuis 2007 dans cette région agitée, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) appelle les autorités congolaises à mettre fin à la tendance alarmante à l’impunité pour les meurtres de journalistes.
Huit hommes armés non autrement identifiés ont agressé Chirambiza, présentateur sur la chaîne de radio privée, Radio Star, émettant à Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu, alors qu’il rentrait à pied d’un mariage avec un ami dimanche matin, selon l’organisation de défense de la liberté de la presse Journaliste en Danger et des journalistes locaux. Les agresseurs ont poignardé Chirambiza à la poitrine, laissant intactes ses biens personnels, notamment un téléphone portable et 5600 francs congolais (environ 7 dollars américains), selon le directeur des programmes de Radio Star, Jilly Bianga. Le journaliste est décédé dimanche à environ 1h du matin dans un hôpital local, à l’âge de 24 ans.
Chirambiza n’avait pas signalé de menaces dans le cadre de son travail de journaliste et ne couvrait aucun sujet sensible qui aurait pu lui causer un harcèlement, selon Bianga.
Ainsi, le CPJ est en train d’enquêter sur les circonstances de cette affaire afin de déterminer si le meurtre de ce journaliste était lié à son travail.
« Bukavu est devenue l’une des villes les plus dangereuses pour les journalistes en Afrique. Les autorités congolaises n’ont pas mené des enquêtes approfondies sur les assassinats de professionnels des médias, ce qui a enhardi les tueurs de journalistes », a déclaré le directeur de la section Afrique du CPJ, Tom Rhodes. « Nous présentons nos sincères condoléances à la famille, aux amis et aux collègues de Bruno Koko Chirambiza, et demandons aux autorités congolaises d’enquêter sur ce meurtre », a-t-il martelé.
Le ministre congolais de la Communication, Lambert Mende, qui a accordé une interview à Radio France Internationale (RFI), une station qu’il a suspendue sur l’ensemble du territoire de la RDC depuis le mois dernier, a qualifié ce meurtre d’ « acte odieux ». « Nous avons immédiatement ordonné aux autorités de la police et au procureur de la République, par l’intermédiaire des ministères de l’Intérieur et de la Justice, d’ouvrir rapidement des enquêtes, a déclaré le ministre Mende depuis Kinshasa.
Chirambiza a rejoint Radio Star en juin 2008. Ce journaliste faisait des reportages sur le terrain et présentait des bulletins d’informations en swahili, la langue locale. En outre, il était le présentateur de quatre programmes de divertissement portant sur la musique, la mode et la culture des jeunes, selon Bianga. Ce dernier a loué les talents de Chirambiza, soulignant que la mort de ce journaliste est « une grande perte » pour la station.
Il convient de rappeler que deux autres journalistes ont été assassinés dans des circonstances toujours non élucidées à Bukavu au cours des 26 derniers mois: Serge Maheshe et Didace Namujimbo, qui travaillaient tous les deux pour la radio onusienne, Radio Okapi . Chirambiza est le sixième journaliste congolais assassiné dans cette région depuis 2005, selon des recherches du CPJ.