Le CPJ demande au gouvernement tunisien de mettre en œuvre les recommandations suivantes visant à mettre en accord avec les standards internationaux ses pratiques au plan national :
- Déclarer publiquement que le gouvernement tunisien a le devoir, en respect des normes internationalement reconnues en matière de liberté d’expression, de garantir la liberté et le pluralisme dans les médias, dont la diffusion de points de vue et d’opinions critiques envers la politique en vigueur de l’Etat.
- Encourager les journalistes à faire des reportages indépendants – y compris une couverture critique du Président, des haut représentants de l’Etat et des institutions gouvernementales – en fournissant une garantie claire que les autorités ne les pénaliseront pas, ni directement ni indirectement, pour de telles activités professionnelles.
- Cesser tout interférence de la part de fonctionnaires dans le fonctionnement courant des journaux comme, entre autres, la confiscation des numéros et les tentatives de contrôler la couverture de l’information dans les rédactions.
- Encourager l’indépendance et la diversité dans la presse nationale. Autoriser l’enregistrement et le libre fonctionnement des journaux indépendants, dont Kalima, à qui le dépôt d’enregistrement a été refusé par le ministère de l’intérieur.
- Mettre fin au harcèlement et à l’intimidation des journalistes dissidents, y compris les agressions violentes, les menaces, l’emprisonnement, les poursuites judiciaires à des fins politiques, la surveillance par la police et les forces de sécurité, la rétention de titres de voyages et du droit de se déplacer à l’étranger ou à l’intérieur du pays.
- S’assurer que l’Agence tunisienne pour la communication externe (ATCE) produit des directives claires et transparentes à propos de la répartition des budgets publicitaires de l’Etat, afin de garantir leur équité et éviter une discrimination fondée sur le contenu éditorial des médias.
- Instituer une procédure équitable et transparente pour l’autorisation d’émettre aux médias audiovisuels privés dans le but de promouvoir des médias indépendants, dont ceux qui sont critiques à l’égard du gouvernement et de sa politique.
- Arrêter de bloquer les sites Internet critiques à l’égard des autorités tunisiennes et renoncer à l’interdiction actuelle visant des sites comme ceux de Tunisnews, IFEX,Kalima, Youtube, et beaucoup d’autres.
- Mettre fin aux restrictions à l’encontre des médias étrangers travaillant en Tunisie. Garantir que les journalistes dont l’accréditation est refusée, comme Lotfi al-Hajji de la chaîne Al-Jazeera, sont autorisés à mener leurs activités professionnelles sans entrave.
Au gouvernement américain :
- Soulever au plus haut niveau de l’Etat tunisien, aussi bien publiquement qu’en coulisses, l’inquiétude suite à l’harcèlement, l’intimidation et la censure des journalistes indépendants.
- Affirmer clairement que les relations bilatérales avec les Etats-Unis dépendent du respect par le gouvernement tunisien de la liberté de la presse et des mesures clairement adoptées par lui pour améliorer les conditions dans lesquelles cette liberté s’exerce dans le pays.
Aux membres du Congrès américain et, notamment, au Groupe sur la Tunisie :
- Soulever au plus haut niveau de l’Etat tunisien, aussi bien publiquement qu’en coulisses, l’inquiétude suite à l’harcèlement, l’intimidation et la censure des journalistes indépendants.
- Utiliser le Groupe sur la Tunisie comme forum où est publiquement débattu le piètre bilan du pays en matière de liberté de la presse et dire clairement que les bonnes relations avec les Etats-Unis sont conditionnées au respect des droits de l’homme et de la liberté de la presse par le gouvernement tunisien.
- Lors des visites en Tunisie, rencontrer les journalistes indépendants et ceux qui sont persécutés.
- Lors des visites en Tunisie, évoquer publiquement et en privé les violations de la liberté de la presse et ne pas permettre aux médias de l’Etat d’exploiter ces visites à des fins de propagande.
- Soutenir les législations, comme la Loi mondiale sur la liberté en ligne (HR 275), qui promeuvent la liberté d’expression sur Internet et proposent des mesures contre les pays comme la Tunisie qui restreignent l’accès à Internet.
- Soutenir des réunions d’information au sein du Congrès américain où les journalistes tunisiens dissidents peuvent discuter des conditions de la liberté de la presse dans leur pays.
À l’Union européenne:
- Soulever au plus haut niveau de l’Etat tunisien, aussi bien publiquement qu’en coulisses, l’inquiétude suite à l’harcèlement, l’intimidation et la censure des journalistes indépendants.
- Faire respecter les dispositions en matière de droits de l’homme prévues dans l’accord d’association entre l’Union européenne et la Tunisie.