New York, le 19 juillet 2007—A Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, les autorités ont condamné un journaliste à huit clos, et lui ont ordonné de se présenter immédiatement à la prison. Il ne lui avait jamais été signifié qu’il était inculpé d’un crime.
Le 5 juillet, Pold Kalombo, un rédacteur de l’hebdomadaire privé Le Soft International, recevait la notification d’un jugement ayant eu lieu le 18 mai, qui l’accusait, ainsi que son journal, de diffamation. Cette action a été intentée par une entreprise pétrolière, a déclaré le directeur du journal, Mike Mukebadi, au CPJ. Le tribunal a ordonné l’arrestation immédiate de Kalombo, et lui a ordonné de verser une amende de 20000 francs Congolais. Le journal a également été condamné a payer 150 000 dollars américains en dommages et intérêts, selon Mukebayi.
« Il est aberrant qu’un journaliste puisse être accusé, jugé et condamné sans notification, et recevoir le jugement seulement deux mois plus tard », a déclaré Joël Simon, directeur exécutif du CPJ. « Nous réclamons le pourvoi en appel auprès du tribunal pour renverser la condamnation criminelle de Pold Kalombo, et nous exhortons les autorités de la RDC à dépénaliser les actes de diffamation. »
Kalombo, ayant 10 ans d’expérience dans la presse locale, a immédiatement fait appel au verdict, mais a dû rentrer dans la clandestinité, a-t-il déclaré au CPJ depuis un endroit non divulgué.
Des journalistes locaux ont affirmé que les accusations étaient liées à un reportage du 3 avril qui débattait des allégations de corruption faites dans le livre d’un expert de l’industrie pétrolière congolaise. Cette affaire impliquait un partenariat entre la raffinerie pétrolière nationale SOFIR et une firme privée. Les autorités ont annoncé une audit du secteur pétrolier du pays en juin, selon des bulletins d’information. La nation centre africaine, de la taille de l’Europe de l’ouest, produit entre 25 000 et 30 000 barils d’huile brute par jour, selon les rapports.
Fondé en 1989, Le Soft International est diffusé en RDC, au Rwanda, et en Belgique. En février 1998, les autorités ont saisi et brûlé les copies de l’édition belge du journal, dès son arrivée pour la vente en RDC. La une invoquait l’harcèlement du gouvernement sur l’éminent leader de l’opposition en RDC, Etienne Tshisekedi, selon les recherches du CPJ.
Kalombo est le second journaliste à être condamné à la prison cette année sur des accusations de diffamation. Le premier est le reporter Popol Ntula Vita, qui avait écopé en février d’une peine de trois mois de prison.
Le mois dernier, le CPJ a nommé la RDC un des pays les plus rétrogrades au monde en matière de liberté de la presse.