New York, le 14 juin 2007—La police a interpellé aujourd’hui deux individus suspectés d’avoir abattu un journaliste de Radio Okapi, une station parrainée par les Nations Unies, dans la ville frontalière de Bukavu, à l’est de la République Démocratique du Congo, ont déclaré les journalistes de la station au CPJ.
Le CPJ enquête actuellement sur un lien entre l’assassinat de Serge Maheshe et son travail de journaliste.
Maheshe a été abattu mercredi soir alors qu’il se préparait à monter à bord d’un véhicule des Nations Unies avec deux amis, selon des bulletins d’informations. Les tueurs ont ordonné aux hommes de s’asseoir sur le sol, et ont tiré à plusieurs reprises sur le journaliste dans la poitrine et les jambes. Ses compagnons ont pu s’enfuir indemnes des lieux.
« Nous condamnons l’assassinat brutal de Serge Maheshe, et présentons nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses collègues », a déclaré Joël Simon, directeur exécutif du CPJ. « Nous appelons les autorités à mener une enquête complète et transparente sur ce meurtre, et nous les encourageons à poursuivre toutes les pistes possibles concernant les motifs de ce crime ».
Les reporters de la station de Radio Okapi à Bukavu, à 1518 km à l’est de la capitale Kinshasa, reçoivent fréquemment des menaces pour leurs reportages sur les affrontements entre les groupes rebelles, les milices locales et les forces de sécurité du gouvernement dans cette région, a affirmé Léonard Mulamba, rédacteur en chef adjoint du groupe.
Maheshe d’ailleurs figurait parmi quatre journalistes qui ont reçu des menaces en 2004, après que des forces rebelles du général déchu Laurent Nkunda se sont emparées de Bukavu.
Maheshe, 31 ans, marié et père de deux enfants, travaillait à la station de radio depuis 2003, et était très respecté. Radio Okapi est un réseau national de stations fondé par la mission de maintien de la paix des Nations Unies au Congo et la fondation Hirondelle basée en Suisse.
William L. Swing, le représentant spécial des Nations Unies en RDC depuis 2005, a fermement condamné le meurtre, et s’est dit scandalisé par ce crime.
Maheshe est le troisième journaliste a être tué en RDC depuis 2005. Les autres victimes étaient le journaliste politique chevronné Franck Ngyke Kangundun, qui a été tué en même temps que sa femme, et le journaliste freelance Bapuwa mwamba.
En avril, un tribunal militaire de Kinshasa a condamné quatre anciens soldats et un civil pour l’assassinat de Kangundun, mais aucun lien n’a été établi entre le crime et les écrits du journaliste, selon la presse locale. Deux des accusés ont été condamné à mort. Quatre personnes sont actuellement jugées pour le meurtre de Mwamba.
Rappelons que le mois dernier, le CPJ a nommé la RDC comme l’un des pays les plus rétrogrades au monde en matière de liberté de la presse.