New York, le 9 avril 2007—La Haute cour fédérale Éthiopienne a aujourd’hui acquitté et ordonné la libération de huit rédacteurs et éditeurs de journaux de langue amharique qui avaient été emprisonnés pour crimes contre l’État depuis une répression gouvernementale de grande échelle en novembre 2005, ont dit la presse et les journalistes locaux.
« Nous accueillons chaleureusement le verdict de la Haute cour et la libération tant attendue de ces journalistes » a dit Joël Simon, le directeur exécutif du CPJ. « Nous demandons avec insistance à la Haute cour de débouter toutes les charges restantes contre les autres journalistes toujours détenus ».
L’éditeur Sisay Agena de Ethiop et Abay ; l’éditrice Serkalem Fassil et l’éditorialiste Eskinder Nega de Menilik, Asqual et Satanaw ; le rédacteur en chef Nardos Meaza de Satanaw ; l’éditeur Zekarias Tesfaye et le rédacteur adjoint Dereje Habtewold de Netsanet ; le rédacteur adjoint Feleke Tibebu de Hadar ; et l’éditeur Fasil Yenealem de Addis Zena ont été acquittés de trois chefs d’accusation pénales et libérés de la prison de Kality qui se trouve dans la périphérie de la capitale, Addis Abeba, selon les dires de sources locales. Les publications, toutes des hebdomadaires, ont été interdites depuis la répression.
Les journalistes avaient été traînés en justice avec des douzaines de chefs de l’opposition ainsi que d’autres journalistes pour crimes contre l’État en relation avec leur couverture des sanglants troubles suite aux élections parlementaires de mai 2005. La Haute cour a aussi débouté les charges de génocide, rejetant l’argumentation du gouvernement selon laquelle les reportages auraient nui a l’ethnie du Tigré, groupe formant la base du parti au pouvoir, le FDRPE (Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien), selon les mêmes sources. Les accusés encouraient une condamnation à mort.
D’après les reportages sur place, le verdict d’aujourd’hui a suivi l’acquittement jeudi dernier de Kifle Mulat, le président exilé de l’Association des journalistes de la presse libre éthiopienne – association bannie – pour la seule charge d’ « outrage à la constitution et à l’ordre constitutionnel » après que son organisation ait critiqué la répression du gouvernement.
Au moins neuf autres journalistes sont toujours derrière les barreaux pour des charges similaires, selon des recherches du CPJ. L’Éthiopie reste le second pays d’Afrique avec le plus grand nombre de journalistes en prison, seulement derrière l’Erythrée.
Les journalistes acquittés avaient été poursuivis pour « outrage à la constitution et à l’ordre constitutionnel », « atteinte au pouvoir défensif de l’ l’État », et « tentative de génocide », à la suite d’éditoriaux critiquant la conduite du gouvernement autour des élections parlementaires de mai 2005, d’après des recherches du CPJ. Plus de 190 personnes avaient été tuées quand le gouvernement avait étouffé des manifestations à la suite des élections, après que l’opposition ait contesté la victoire du parti au pouvoir, selon les reportages internationaux.
Fassil a donné naissance à un enfant en prison. Son mari Nega a aussi été acquitté de trois chefs d’accusation supplémentaires en liaison avec son supposé activisme politique.