On August 3 1960, Niger’s Independence Day, I had no inkling that I would one day take up a career in journalism. I was only 11 years old then and my village was very far from the capital and any media outlet. It is only later, when I began attending high school in the capital that I came into contact with newspapers.
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Now Niger has more than 60 public and private newspapers, about 30 radio stations, six TV channels (two public and four private) and 118 community radio stations. The online press is in its infancy but is blossoming. The dynamism of news media is served by technology: Internet, radio, and television studios, efficient means of communications. Journalists are also better protected. The various trade unions, legislation protecting the public’s right to information, an assertive public and reaffirmed international solidarity are real guarantees.
In fact, since the turn of the 1990s, the private media has brought freedom never experienced in Niger. Prior to the national conference of July 1990, existing public media outlets, including a daily, a weekly, a radio station and a television outlet, produced only positive coverage. Only Haské (“light” in the Hausa language) would offer contradiction. One can state that it is the first private newspaper in Niger. It was founded in May 1990.
In the days after independence however, a journalist was just a part of the “décor,” as our then-information minister would say. Everything was dictated by government imperatives, which were structured around the unity of the country. In 1961, Temps du Niger, a mimeographed bulletin designed primarily on the basis of dispatches by Agence France-Presse had an information monopoly in Niger. The same year saw the founding of Le Niger, a news outlet owned by PPN RDA, then the country’s sole political party. In the early 1970s, I was a correspondent with the national radio in Agades, in the country’s far north. I often clashed with the region’s prefect, who blamed me for not broadcasting his speeches at meetings he chaired. “The president of the republic will certainly think that I am doing nothing here,” he would tell me. I was doing my best, but Agades was served by an old radio transmitter, which would often break down. Even when it worked, the sound was inaudible. In addition, the reports I filed were cast aside by journalists at the central newsroom in Niamey.
Authorities in power have always used the public media for their own benefit. Yet it is the private media that brought change. Journalists such as Moussa Kaka, director of Saraounia private radio station and a correspondent of RFI, who covered the rebellions in the north of Niger, and Abdoulaye Tiémogo, who covered violations of the constitution by President Mamadou Tandja, really took enormous risks to do their work.
The decriminalization of press offenses, which was achieved a few weeks ago, will usefully complement the legal arsenal governing the profession. However, the concept of accountability must remain ever present in the minds of journalists. Indeed, the dynamism of the press hides defects that affect the media in Niger. Failure to comply with ethics, journalists’ lack of training, and some media professionals’ tendency to bind themselves to politicians have not disappeared from the press in Niger. These defects are largely due to funding difficulties. Despite the establishment of a media support fund to the tune of 100 million CFA francs, it still remains that some private outlets lack resources. We hope that this regained freedom will contribute to building a quality press whose actors will endeavor to ban certain practices that clash with the ethics of the profession.
Kobéret Dodo began his journalism career in 1968. He worked successively as program host, news bulletin presenter, head of regional station and radio news bulletin correspondent in different regions of the country. He also served as press secretary to the office of the Prime Minister of Niger.
CPJ is running a series of blog entries to celebrate the 50th anniversary of the end of colonial rule in Francophone Africa.
Au Niger: De médias de ‘décor’ à une presse dynamique
Le 3 aôut 1960, jour de l’indépendance du Niger, j’étais très loin de penser que j’embrasserai la carrière de journaliste un jour. Je n’étais alors âgé que de onze ans et mon village natal était très éloigné de la capitale et des médias. Ce n’est que plus tard, quand je fréquenterai le lycée, dans la capitale, que j’aurai un contact avec les journaux.
Aujourd’hui, le pays compte plus de soixante journaux publics et privés, une trentaine de stations de radiodiffusion, six chaines de télévision (deux publiques et quatre privées) et cent dix huit radios communautaires. S’y ajoute la presse en ligne qui est à ses débuts. Le foisonnement de cette presse est servi par les dernières technologies: internet, studios de radio et de télévision, moyens de communication performants etc.…Les journalistes sont aussi mieux protégés. De nombreux syndicats professionnels, des textes législatifs protégeant le droit du public à l‘information, une opinion publique mobilisée et une solidarité internationale réaffirmée constituent de réelles garanties.
En effet, depuis le tournant des années quatre vingt dix, les médias privés ont apporté une liberté jamais expérimentée au Niger. A la veille de la conférence nationale de juillet 1990, un quotidien, un hebdomadaire, une radio et une télévision, tous publics, disaient la bonne parole. Seul Haské (lumière en Haoussa) apportait la contradiction. On peut affirmer que c’est le premier journal privé nigérien. Il a été créé en mai 1990.
Après l’indépendance pourtant, le journaliste était assimilé à un “décor”, comme n’a pas manqué de l’affirmer notre ministre de l’information de l‘époque. Tout était dicté par les impératifs gouvernementaux qui s’articulaient autour de l’unité du pays. En 1961, il y eut la naissance du Temps du Niger, bulletin ronéotypé confectionné essentiellement sur la base des dépêches de l’Agence France Presse (AFP) qui avait le monopole de l’information au Niger. Au cours de la même année est né le Niger, organe d’information du parti unique: le PPN RDA. Au début des années soixante dix, moi-même, j’étais correspondant de la radio nationale à Agades, à l’extrême nord du pays. J’avais souvent des frictions avec le Préfet de région qui me reprochait de ne pas diffuser ses discours à l’occasion des réunions qu’il présidait. Il me disait : “Qu’est ce que le Président de la République va penser, certainement que je ne fais rien ici”. Or, je faisais ce que je pouvais, mais Agades était desservi par un vieil émetteur radio, souvent en panne. Même quand il marchait, le son était inaudible et mes envois étaient écartés par les journalistes de la rédaction centrale à Niamey.
Ainsi, toutes les autorités au pouvoir ont toujours utilisé les médias publics à leur seul profit. Ce sont les médias privés qui ont apporté le changement. Les journalistes comme Moussa Kaka, directeur de la radio privée Saraounia et correspondant de RFI, concernant la rébellion dans le nord, et Abdoulaye Tiémogo, en ce qui concerne la violation de la constitution par le Président Mamadou Tandja, ont pris des risques énormes pour faire leur métier.
La dépénalisation des délits par voie de presse, intervenue il y a quelques semaines complètera utilement l’arsenal juridique encadrant la profession. La notion de responsabilité doit cependant demeurer toujours présente dans l’esprit du journaliste. En effet, le dynamisme de la presse cache des tares, des maladies infantiles qui nuisent aux médias Nigériens. Le non respect de la déontologie, le défaut de formation des journalistes, la tendance qu’ont certains professionnels à s’arrimer avec des hommes politiques qui leur font écrire des articles de louanges, n’ont pas disparu de la presse nigérienne, au contraire. Ces travers sont dus en grande partie aux difficultés de financement. Malgré la création d’un fonds d’aide à la presse d’une centaine de millions de francs CFA, force est de reconnaitre que certains titres privés n’ont pas les moyens de leur politique. Nous osons espérer que cette liberté retrouvée contribuera à l’édification d’une presse de qualité dont les acteurs s’efforceront de bannir certaines pratiques qui jurent avec la déontologie de la profession.
Kobéret Dodo a commencé sa carrière de journaliste en 1968. Il a été successivement animateur des programmes, présentateur de journal, responsable de station régionale et correspondant du journal radio dans différentes régions du pays. Il a aussi été attaché de presse au cabinet du Premier Ministre du Niger.