Dakar, le 16 novembre 2023 — Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) appelle les autorités sénégalaises à libérer le journaliste du groupe de presse Walfadjri, Pape Sané, arrêté le 13 novembre suite à des accusations de diffusion de fausses nouvelles, et à abandonner toutes les poursuites judiciaires engagées contre lui.
« L’arrestation de Pape Sané n’est que la dernière d’une série d’attaques menées par les autorités contre le groupe de presse Walfadjri et le journalisme critique au Sénégal, signe d’une nouvelle détérioration de l’environnement de la liberté de la presse dans le pays », a déclaré Angela Quintal, coordonnatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « Les autorités sénégalaises doivent libérer immédiatement Pape Sané, abandonner les poursuites pénales engagées contre lui et lui permettre de travailler sans être à nouveau harcelé. »
Sané a été arrêté par des agents de la section de recherches de Colobane de la gendarmerie alors qu’il quittait les bureaux du groupe de presse privé Walfadjri à Dakar, la capitale du Sénégal, selon Moustapha Diop, directeur de la radio et de la télévision Walfadjri. Le chef d’accusation de diffusion de fausses nouvelles est lié à un message publié sur la page Facebook de Sané évoquant le remplacement du haut commandant de la gendarmerie, qui a été limogé après les manifestations de mars 2021 liées à l’arrestation du leader de l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko, selon les médias.
S’il est reconnu coupable de diffusion de fausses nouvelles, Sané risque jusqu’à trois ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 1 500 000 francs CFA (2 450 dollars), selon l’article 255 du code pénal sénégalais.
En juin, les autorités ont suspendu Walf TV, le service télévisuel du groupe, ainsi que son accès à la plateforme d’argent mobile Wave, pendant environ un mois. Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) du Sénégal a également suspendu Walf TV pendant sept jours en février 2023 et 72 heures en mars 2021. En mars, un journaliste du média, Pape Ndiaye, a été emprisonné pour diffusion de fausses informations, avant d’être libéré sous caution en juin. Les autorités détiennent également la reporter Maty Sarr Niang depuis le 16 mai pour divers chefs d’accusation, dont celui d’« usurpation de la fonction de journaliste ».
Les appels du CPJ au procureur général sénégalais Abdou Karim Diop sont restés sans réponse. Diop a envoyé un message indiquant qu’il répondrait, ce qu’il n’avait toujours pas fait au moment de la publication.