Kinshasa, le 8 août 2022 – Les autorités congolaises doivent abandonner l’enquête sur le travail du journaliste Pacifique Mahamba et le laisser travailler librement, a déclaré lundi le Comité pour la protection des journalistes.
Le 29 juillet, la police congolaise a pénétré de force dans les bureaux de la radio privée Blessing FM à Goma, dans la province du Nord-Kivu, à la recherche de Mahamba, journaliste de la station, selon l’organisation locale de défense de la liberté de la presse Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (OLPA), et Mahamba, qui s’est entretenu avec le CPJ par téléphone.
Mahamba a déclaré au CPJ qu’il n’était pas au bureau à ce moment-là, et que les employés de la station l’avaient appelé pour l’avertir que la police le recherchait. L’équipe de policiers, composée de trois officiers et d’un commandant, voulait interroger Mahamba au sujet d’une émission diffusée le 28 juillet concernant un abus sexuel présumé perpétré par un policier, selon Mahamba et l’OLPA.
Le journaliste a déclaré qu’il vivait désormais dans la clandestinité mais qu’il prévoyait de se rendre au poste de police de Goma le mardi 9 août pour répondre aux questions.
« La police congolaise doit abandonner son enquête sur le journaliste Pacifique Mahamba et cesser tout effort pour l’arrêter », a déclaré Angela Quintal, responsable du programme Afrique du CPJ, à Durban, en Afrique du Sud. « Les autorités congolaises doivent contribuer à créer un environnement propice à des reportages indépendants, et non harceler et intimider les journalistes pour les réduire au silence. »
Dans ce reportage de Blessing FM du 28 juillet, Mahamba a interviewé Jules Ngeleza, président d’un groupe local de jeunes de la société civile, qui a déclaré qu’un policier travaillant comme garde pour l’ancien président de la RDC Joseph Kabila aurait violé une jeune fille de 15 ans, selon Mahamba et l’OLPA.
Un technicien de Blessing FM, Benjamin Kolobe, présent lorsque la police est arrivée à la station, a déclaré au CPJ par téléphone que les policiers avaient dit qu’ils recherchaient Mahamba au sujet de cet entretien, et que le commandant de l’unité, furieux, avait dit : « Mahamba pense qu’il est intelligent. Nous finirons par l’arrêter, où qu’il soit. »
Lorsque le CPJ a contacté Ngeleza, ce dernier a expliqué que la police cherchait également à l’arrêter pour avoir fait cet interview.
Le 5 août, le commandant de police qui a dirigé l’équipe qui recherchait Mahamba dans les locaux de Blessing FM s’est également rendu au bureau de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) au Nord-Kivu et a insisté auprès de sa présidente Rosalie Zawadi sur le fait que Mahamba avait diffusé de fausses informations sur le viol présumé, a déclaré Zawadi au CPJ lors d’un entretien téléphonique. Toujours selon Zawadi, le commandant a également demandé que Mahamba réfute l’allégation et qu’il implique quelqu’un d’autre.
Le CPJ a appelé le commandant provincial de la police du Nord-Kivu, le général Aba Van, mais personne n’a répondu.