Dakar, 28 juin 2022 — Les autorités guinéennes devraient abandonner toute enquête en cours sur le journaliste Mamadou Sagnane et veiller à ce que la presse puisse travailler librement, a déclaré mardi le Comité pour la protection des journalistes.
Le 15 juin, la police de la ville de Dinguiraye, dans le centre-nord du pays, a convoqué Sagnane, journaliste à la radio communautaire Dinguiraye Rural Radio, selon le journaliste qui s’est entretenu avec le CPJ par téléphone, et un communiqué de l’association locale de journalistes Presse Solidaire.
La police a détenu Sagnane au tribunal de première instance de Dinguiraye, a saisi son téléphone et a refusé de le laisser contacter qui que ce soit pendant qu’elle l’interrogeait à propos d’un communiqué de presse qu’il avait diffusé le 8 juin, selon ces sources. Après environ six heures, les autorités ont libéré Sagnane et lui ont dit de rentrer chez lui, ajoutant qu’elles le contacteraient « dès qu’elles auraient besoin de moi », a déclaré le journaliste.
« Le journaliste guinéen Mamadou Sagnane n’aurait pas dû être arrêté en raison de son travail, et les autorités doivent veiller à ce qu’il ne subisse aucune poursuite judiciaire pour avoir fait son travail », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à Johannesburg, en Afrique du Sud. « Les journalistes en Guinée devraient pouvoir diffuser les informations d’intérêt public sans crainte. »
Lors d’une émission le 8 juin, Sagnane a déclaré au CPJ qu’il avait lu un communiqué de presse appelant à un rassemblement contre le récent meurtre d’un jeune homme à un barrage routier de la gendarmerie. Lorsque la police a demandé à Sagnane pourquoi il avait lu ce communiqué de presse, il a répondu qu’une association locale l’avait envoyé au directeur de la radio rurale de Dinguiraye, que ce dernier avait vu qu’il ne contenait aucun appel à la violence et qu’il lui avait ensuite demandé de le lire à l’antenne.
Il a déclaré avoir invité les agents à contacter le directeur de la station pour toutes autres questions.
Le rassemblement mentionné dans le communiqué de presse n’a pas eu lieu comme prévu le 9 juin, mais suite au meurtre, des manifestants en colère ont attaqué un bureau de gendarmerie locale et un poste de police, selon Sagnane et les médias. Sagnane a déclaré que la police alléguait que ces attaques étaient liées à la diffusion du communiqué de presse, même s’il n’appelait pas à de telles actions.
Le représentant du gouvernement à Dinguiraye, Karamoko Oumar Boké Camara, a déclaré au CPJ via une application de messagerie qu’il ne pouvait pas commenter l’affaire car il n’avait pas la permission de ses supérieurs. Le CPJ a appelé la police judiciaire guinéenne et l’a contacté via une application de messagerie pour obtenir des commentaires, mais aucune réponse n’a été reçue.