Mise à jour le 9 mai 2022
Les journalistes font depuis longtemps l’objet de menaces en représailles à leur travail ; et à l’ère d’Internet, les agresseurs tirent parti de renseignements publiés sur les réseaux sociaux et les sites web professionnels pour pirater, abuser, humilier ou diffamer leur cible.
Les abus en ligne deviennent de plus en plus sophistiqués, avec des campagnes de dénigrement coordonnées utilisées à la fois contre des journalistes individuels et des médias pour discréditer leur travail. Ces attaques sont menées par des groupes en ligne bien organisés, y compris, des acteurs parrainés par l’État.
Les agresseurs peuvent voler des renseignements pour usurper l’identité d’un(e) journaliste, la manipuler sans son consentement, ou bien pour le/la doxxer – ainsi que leurs collègues et membres de leur famille – en cherchant et en publiant leur adresse de domicile ou d’autres détails personnels. Les journalistes doivent être conscients de toute donnée disponible dans le domaine public à leur sujet, prendre compte de ce qu’elle révèle sur eux, et prendre des mesures pour la supprimer autant que possible.
Sachez qu’il est très difficile de retirer complètement des données de l’Internet. Elles peuvent être stockées dans des machines d’archives Internet ou apparaître sur une capture d’écran prise et partagée avec d’autres personnes. Les sites donneront suite ou non à vos demandes de supprimer vos données personnelles selon qu’elles sont liées à un compte que vous contrôlez ou qui est détenu par un tiers.
Les algorithmes des moteurs de recherches peuvent prendre du temps pour refléter les modifications, de sorte que les contenus peuvent rester disponibles pendant plusieurs jours même si votre demande a abouti.
Premières initiales pour protéger vos données personnelles :
Prendre des mesures préventives est essentiel pour se protéger contre le harcèlement en ligne. Plus vous prenez de mesures pour protéger vos données avant qu’une attaque ne se produise, plus vos données sont susceptibles d’être en sécurité. Idéalement, si quelqu’un fait une recherche sur vous en ligne, il ne trouvera que des informations professionnelles vous concernant.
- Renseignez-vous sur les personnes qui pourraient s’intéresser à vous cibler et sur leur capacité à vous nuire en ligne et hors ligne.
- Faites attention aux reportages et récits d’autres journalistes dont les informations privées sont publiées sans leur consentement. Le doxxing vise de plus en plus les journalistes sur tous les fronts, mais le fait de rester conscient des nouvelles tendances vous aidera à prendre les bonnes précautions.
- Abonnez-vous à un service de surveillance de crédit qui vous alertera en cas d’activité frauduleuse dans vos comptes financiers.
- Ayez des comptes séparés pour votre travail et votre vie personnelle. Par exemple, créez un compte de messagerie uniquement pour le travail au lieu d’avoir une seule messagerie pour tout. Décidez si vos comptes de médias sociaux sont professionnels ou personnels. Mélanger du contenu professionnel et des données personnelles dans vos comptes en ligne, tels que vos comptes de médias sociaux, vous rend plus vulnérable. Si un pirate accède à votre compte, il obtiendra des données sur votre vie personnelle et professionnelle.
- Passez régulièrement en revue vos comptes de médias sociaux pour voir quelles données personnelles sont exposées en fonction de vos paramètres de confidentialité et de sécurité. Vérifiez les anciens contenus pour voir si vous n’avez pas posté quelque chose que vous ne voudriez pas que d’autres voient, par exemple une photo de votre enfant, une photo qui révèle votre emplacement ou votre adresse personnelle, ou un ancien message qui pourrait être mal interprété. Sauvegardez et supprimez vos messages personnels.
- Comprenez quelles sont les données qu’il vaut mieux garder privées et hors ligne. Il s’agit notamment des informations qui peuvent être utilisées pour vous identifier, comme votre date de naissance, les données relatives à votre localisation, telles que votre adresse personnelle, et vos coordonnées, telles que votre adresse électronique ou numéro de téléphone personnels.
- Configurez des alertes Google pour votre nom, votre adresse et d’autres informations, telles que votre date de naissance. Prévoyez des alertes pour les fautes d’orthographe courantes de votre nom.
- Sachez quelles informations sont disponibles à votre sujet sur Internet. Faites ce qui suit :
- Faites des recherches sur vous-même en ligne en utilisant tous les moteurs de recherche. Utilisez le mode incognito ou la fenêtre de navigation privée pour ce faire, car vous obtiendrez tous les résultats de recherche au lieu des résultats les plus fréquemment recherchés.
- Le cas échéant, consultez Yandex et Baidu, les moteurs de recherche russes et chinois.
- Vérifiez les photos et les vidéos, ainsi que les commentaires sur les articles que vous avez publiés.
- Notez le contenu que vous souhaitez supprimer.
- Recherchez en ligne les membres de votre famille proche pour voir quelles données sont disponibles à leur sujet, y compris leur relation avec vous.
- Fixez-vous des rappels réguliers dans votre calendrier pour revoir votre profil en ligne.
- Les journalistes basés aux États-Unis devraient s’inscrire pour faire supprimer leurs données personnelles et celles des membres de leur famille des sites d’entreprises spécialisées dans la vente de données. Parmi les exemples de services professionnels de contrôle et de suppression de contenu, citons DeleteMe ou Recorded Future.
Pour supprimer les données des comptes et sites web que vous ou votre famille contrôlez :
- Connectez-vous à vos comptes et supprimez toutes les données personnelles que vous avez identifiées et qui ne devraient pas être publiques.
- Parcourez votre site web et tout autre site que vous gérez pour identifier les données sensibles ou identifiantes et trouvez des moyens pour les supprimer dans la mesure du possible. Par exemple, utilisez un formulaire de contact au lieu d’afficher votre adresse physique ou de courrier électronique.
- Parlez avec votre famille et vos amis des informations qu’ils publient sur vous et sur les autres. Expliquez quelles données vous êtes prêt à partager et quelles données vous souhaitez garder confidentielles. Discutez avec eux de la possibilité de limiter les publications dans lesquelles ils vous marquent.
- Soyez prêt à aider les membres de votre famille à vérifier leurs paramètres de sécurité et à supprimer des informations de leurs comptes de médias sociaux.
Pour supprimer des données hébergées ailleurs :
- Contactez les sites pour leur demander de supprimer les informations vous concernant. Selon le type de site, sa localisation, et les lois sur les données personnelles, il peut ou non donner suite à votre demande. Consultez chaque site pour connaître ses politiques. N’oubliez pas de consulter les sites d’archives Internet, tels que la Wayback Machine, et demandez-leur de supprimer vos données.
- Contactez Google Maps, Apple Maps et d’autres sociétés pour qu’elles suppriment votre domicile ou d’autres informations d’identification.
- Demandez à Google Search de supprimer tout lien des résultats de recherche rendus publics. Cela comprend désormais les liens détaillant vos données personnelles, comme l’adresse de votre domicile. Sachez que cette opération ne supprimera que les informations du moteur de recherche de Google, et non celles des autres moteurs de recherche.
- Certains sites sont des annuaires en ligne qui puisent des informations personnelles dans les bases de données publiques.
- Demandez aux annuaires de supprimer vos données, bien qu’elles risquent de réapparaître à moins que vous ne parveniez à les supprimer de la source.
- Contactez le créateur de la base de données publique, souvent un organisme public, pour voir si vos informations peuvent être supprimées ou rendues privées. Les lois en la matière varient selon les pays.
Pour plus d’informations sur la manière de sécuriser votre profil en ligne, consultez les notes de sécurité du CPJ sur la protection contre le harcèlement en ligne et la protection contre les attaques en ligne ciblées. Pour un soutien au bien-être, consultez notre guide sur le harcèlement en ligne et comment protéger la santé mentale. Pour avoir de plus amples informations sur comment mieux se protéger contre les abus en ligne, consultez notre guide d’autres organisations et ressources qui offrent un soutien.
Le Comité pour la protection des journalistes est membre de la Coalition Against Online Violence, un ensemble d’organisations mondiales qui s’efforcent de trouver de meilleures solutions pour les femmes journalistes confrontées à des abus en ligne, au harcèlement et à d’autres formes d’attaques numériques.
Note de la rédaction: Cet avis a été publié pour la première fois le 4 septembre 2019. Les informations sur l’évaluation de vos données personnelles ont été mises à jour à la date de publication indiquée en haut.