La République du Congo doit libérer l’éditeur du Talassa

Monsieur Denis Sassou Nguesso

Président de la République

Palais présidentiel

Brazzaville, Congo

Via email à porte parole du gouvernement: nicolasmouanda@gmail.com

18 septembre 2017

Monsieur le Président,

Le Comité pour la protection des journalistes et Reporters sans frontières, deux organisations indépendantes de défense de la liberté de la presse, souhaitent vous exprimer leur profonde inquiétude concernant l’emprisonnement sans inculpation de Ghys Fortuné Dombé Bemba, l’éditeur du journal privé Talassa, depuis janvier dernier.

Les services de sécurité de la République du Congo ont arrêté M. Bemba à Brazzaville, le 11 janvier 2017. Selon une déclaration du procureur de la République, André Oko Ngakala, l’éditeur est accusé de “complicité d’atteinte à la sécurité de l’Etat”, en lien avec la publication d’une déclaration de l’ancien chef rebelle, Frédéric Bintsamou, également connu sous le nom de Pasteur Ntumi.

L’arrestation de Bemba a eu lieu à la suite d’une descente des forces de sécurité congolaises dans les locaux de Talassa, le 9 janvier, afin, selon la presse, d’empêcher la publication du journal.

Selon une personne proche du dossier du journaliste, la demande de liberté conditionnelle en attendant le procès a été refusée et aucune date d’audience n’a été fixée. Lorsque le CPJ a contacté en juillet 2017 Séraphin Ondele, le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur de la République du Congo, il a affirmé ne pas être au courant du cas de Monsieur Bemba.

Ce n’est pas la première fois que Monsieur Bemba et son journal sont visés par les autorités congolaises. Le journaliste a déjà été arrêté en 2015, en lien avec un article qui critiquait votre administration, et Talassa a été suspendu en 2007 et en 2013.

La détention de M. Bemba, qui dure depuis plus de huit mois, sans procès, est inhumaine et résonne comme une intimidation pour tous les médias du Congo, indiquant que le gouvernement ne respecte pas les droits fondamentaux des journalistes de récolter et de diffuser des informations, et qu’ils pourront eux aussi être emprisonnés.

Nous vous demandons instamment d’user de votre entregent pour assurer que Monsieur Ghys Fortuné Bemba soit immédiatement libéré et que toutes les enquêtes contre lui soient abandonnées. La liberté de la presse en République du Congo dépend d’un climat dans lequel les journalistes peuvent travailler sans peur des représailles, ce qui, à son tour, dépend de votre leadership.

Sincèrement,

Joel Simon
Directeur exécutif

Comité pour la protection des journalistes

Christophe Deloire
Secrétaire général

Reporters sans frontières

CC:
Arsène Niamba, Conseiller en communication du président
Thierry Moungalla, Ministre de la communication et des relations avec le parlement, porte parole du Gouvernement
Jean Claude Gakosso, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération
Aimé Emmanuel Yoka, Ministre d’Etat, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des droits humains
Sètondji Adjovi, Groupe de travail sur la détention arbitraire: Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme
David Kaye, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression
Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union Africaine
Georges Nakseu, Directeur, Démocratie et Droits de l’Homme, Organisation Internationale de la Francophonie
Faith Pansy Tlakula, Rapporteur Spécial sur la Liberté d’Expression et l’Accès à l’Information de l’Union Africaine

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