New York, le 15 avril 2014–Le Comité pour la protection des journalistes a aujourd’hui exhorté les autorités camerounaises à libérer un journaliste qui est emprisonné depuis le 29 mars après avoir été reconnu coupable de diffamation. Vendredi dernier, un juge a reporté indéfiniment une audience chargée de statuer sur la libération sous caution du journaliste, selon des médias.
Le mis en cause, Amungwa Tanyi Nicodemus, directeur de publication de l’hebdomadaire privé The Monitor, a été condamné par contumace le 10 mars dernier par un tribunal de Bamenda, une ville située au nord-ouest du Cameroun, à quatre mois de prison et 10 millions de francs CFA (soit 21.000 dollars américains) de dommages et intérêts, a déclaré au CPJ son avocat Yijofmen Kol. Le journaliste est actuellement détenu dans une prison de Bamenda, selon des médias.
Me Kol a déclaré au CPJ avoir fait appel de la condamnation et qu’une audience est prévue le 28 avril courant.
Les accusations contre M. Nicodemus sont fondées sur une plainte de la Cameroon Co-operative Credit Union League (CAMCCUL), un réseau d’établissements de microfinance, pour une série d’articles publiés dans The Monitor. Les articles ont allégué, entre autres, que des responsables de ladite institution auraient utilisé et distribué des logiciels sans licence, détourné des fonds et commis des actes de corruption, selon une copie du jugement obtenue par le CPJ. La CAMCCUL a nié ces allégations.
Le tribunal a également accusé M. Nicodemus de n’avoir pas répondu à une convocation qui lui aurait été adressée depuis le 16 décembre dernier, selon le jugement. Cependant, Me Kol a déclaré au CPJ que le journaliste n’a jamais reçu de notification de poursuites contre sa personne. Toutefois, le tribunal a délivré un mandat d’arrêt contre le journaliste après l’annonce du verdict, et ce dernier a été arrêté par la police à Yaoundé, la capitale camerounaise, avant d’être déféré à une prison de Bamenda, selon son avocat.
Il convient de souligner que le rapporteur spécial de l’Union africaine sur la liberté d’expression et l’accès à l’information a demandé l’abrogation des lois pénales sur la diffamation au niveau de tout le continent.
« Les plaintes pour diffamation contre la presse doivent être portées devant des tribunaux civils. Car les journalistes sont trop souvent envoyés en prison en vue de réprimer les allégations de corruption », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons aux autorités judiciaires de Bamenda de libérer Amungwa Tanyi Nicodemus en attendant son appel », a-t-il ajouté.