Lagos, Nigeria, le 30 août 2012–Les autorités de la Guinée ont fermé dimanche dernier une station de radio privée, l’empêchant de couvrir des manifestations prévues le lendemain, selon des médias. Liberté FM a été ciblée dans le passé, selon la presse.
Les autorités de N’Zérékoré, une région forestière située au sud-est de la Guinée, ont sommairement fermé Liberté FM dimanche soir sans donner d’explication au personnel de la station, selon des médias. Des journalistes locaux ont dit au CPJ qu’ils croient que les autorités ont fermé la station pour l’empêcher de diffuser les manifestations à Conakry, la capitale, selon des médias. Des dirigeants de l’opposition avaient appelé à manifester lundi dernier pour exiger des élections législatives libres et transparentes, qui ont été maintes fois reportées depuis 2010, selon des médias. Les journalistes ont également souligné que Liberté FM avait été ciblée parce qu’elle avait permis aux dirigeants de l’opposition d’appeler à des manifestations contre le massacre le 3 août courant par des forces de sécurité de villageois dans le district de Zogota situé dans la région de N’Zérékoré.
La station n’a pas pu retransmettre en direct les manifestations, selon la presse. Elle a été autorisée à reprendre ses émissions lundi après-midi seulement après que des organisations de défense des droits de l’homme, des syndicats de journalistes et des leaders de l’opposition ont condamné publiquement la fermeture, selon des médias.
Le directeur de Liberté FM, Alpha Saliou Diallo, a déclaré au CPJ que le gouverneur de la région, Lance Condé (qui n’a aucun lien de parenté avec le président guinéen), lui a dit que la station avait été fermée sur l’ordre des «plus hautes autorités» de Conakry. Cependant, le porte-parole du président, Mohamed Lamin Soumah, a déclaré au CPJ que la décision de fermer FM Liberté avait été prise par le gouverneur de la région en raison de la couverture par la station des tueries à Zogota. M. Soumah a qualifié la décision du gouverneur d’ «abus de pouvoir», précisant qu’il avait incité le gouvernement à lever cet ordre, selon la presse.
FM Liberté a été ciblée dans le passé. M. Diallo a déclaré au CPJ que la police avait fermé la station en 2010 lors d’une émission en direct et détenu deux journalistes pour avoir critiqué le président Alpha Condé. Au début de 2007, des militaires avaient vandalisé les studios de la station à Conakry et arrêté plusieurs journalistes, selon des médias.
« En censurant des organes de presse comme Liberté FM et en intimidant les journalistes, les autorités guinéennes continuent de saper la démocratie », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du CPJ basé à New York. « Le gouvernement du président Alpha Condé doit mettre fin à cette tendance et permettre à la presse de faire son travail », a-t-il martelé.
Plusieurs journalistes ont été harcelés et leur véhicule endommagé lors des manifestations de lundi dernier à Conakry, ont dit au CPJ des journalistes locaux. Abdourahamane Diallo, journaliste d’Espace FM, une station locale, a rapporté que les attaques se sont produites en présence des policiers, qui n’ont rien fait pour secourir les journalistes.
M. Soumah a déclaré au CPJ que des militants de l’opposition avaient attaqué les journalistes. «C’est des militants de l’opposition qui ont attaqué les journalistes parce qu’ils étaient mécontents que les forces de sécurité aient bloqué la manifestation », a-t-il dit.
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