Abuja, Nigeria, le 13 juillet 2012–Des hommes armés, masqués ont enlevé et bastonné jeudi dernier un journaliste malien chevronné, qui s’est ainsi retrouvé avec une main fracturée et d’autres blessures, selon des médias et des journalistes locaux.
Huit hommes armés ont pris d’assaut les locaux du journal L’Indépendant sis à Bamako, la capitale malienne, jeudi dernier aux environ 21 heures, tirant en l’air pour disperser le personnel et les passants, avant de s’emparer de Saouti Labass Haïdara, directeur de publication dudit journal, et de l’emmener à bord d’un véhicule 4 x 4, ont rapporté les médias. M. Haïdara qui a été abandonné sur le bord d’une route quatre heures plus tard, a été soigné dans un hôpital de Bamako, ont déclaré des journalistes locaux. Oussouf Camara, reporter de L’Indépendant, a déclaré au CPJ que M. Haïdara souffrait de blessures à la tête, outre une fracture à la main.
Des journalistes locaux ont déclaré au CPJ croire que cette agression était en représailles à des articles critiquant le gouvernement. « Nous avons publié des articles sur le gouvernement. Je crois que son agression est liée à notre publication du mardi 10 juillet courant, qui était sur la situation dans le nord du Mali », a déclaré M. Camara. Dans ce numéro, il y’avait un article qui a critiqué la gestion du gouvernement malien dans la crise avec les séparatistes touaregs qui ont déclaré l’indépendance du nord du Mali, selon des journalistes locaux.
« Nous condamnons cette agression brutale contre Saouti Labass Haïdara et sommes profondément préoccupés qu’elle soit en représailles à la ligne éditoriale du journal L’Indépendant », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ basé à New York. « Etant donné que les journalistes au Mali travaillent dans des conditions de sécurité de plus en plus précaires, les autorités doivent urgemment redoubler d’effort pour mettre fin à ces actes d’intimidation contre la presse qui se terminent en violence de plus en plus grave. L’arrestation des agresseurs de Saouti Labass Haïdara serait un premier pas, » a-t-il ajouté.
Hamadoun Touré, ministre de la Communication du Mali et porte-parole du gouvernement, a déclaré au CPJ que le gouvernement enquêtait sur l’agression de M. Haïdara ainsi que sur les enlèvements et autres abus précédents dont ont été victimes d’autres journalistes. « Nous n’avons procédé à aucune arrestation car nous n’avons pas pu identifier ces hommes armés parce qu’ils étaient masqués. Cependant le gouvernement est en train d’enquêter sur cette affaire », a déclaré M. Touré.
Cette agression de M. Haïdara est survenue deux mois seulement après que des agents de la Sécurité d’État se faisant passer pour des imprimeurs sont entrés dans le bureau du directeur de publication avant de l’emmener au quartier général de l’agence, selon des médias . Les agents de sécurité ont interrogé M. Haïdara au sujet d’un article décrivant un tract politique qui critiquait le leader du coup d’État, le capitaine Amadou Sanogo, ont rapporté des médias. Depuis le coup d’État du 22 mars au Mali, des journalistes font l’objet de harcèlements et d’agressions qui vont croissant, selon des recherches du CPJ.