New York, le 8 mai 2012–Au Burundi, un procureur de la République a requis aujourd’hui une peine de prison à perpétuité pour le journaliste de radio burundais, Hassan Ruvakiki, qui est emprisonné suite à sa diffusion d’ une interview en novembre dernier avec un chef rebelle présumé, selon des médias.
Le procureur en chef, Barbatus Ntakarusho, a fait cette requête au cours d’une audience au tribunal de Cankuzo, une ville dans l’est du Burundi, affirmant que le journaliste s’était livré à des « actes de terrorisme », a déclaré au CPJ l’avocat de la défense du journaliste, Onesime Kabayabaya. M. Ruvakiki est reporter de la chaîne de radio française Radio France Internationale et de la station locale Radio Bonesha FM.
Le 28 novembre dernier, des agents de sécurité ont arrêté M. Ruvakiki sans mandat, perquisitionné son domicile et l’ont interrogé sur ses liens présumés avec un groupe rebelle, selon des médias. Il a été détenu au secret pendant sept jours dans un camp militaire, ont dit au CPJ des journalistes locaux. Radio Bonesha FM avait diffusé la semaine précédente une interview avec un ancien officier de police qui a prétendu faire partie du Front pour la Restauration de la Démocratie-Abanyagihugu, un nouveau groupe rebelle au Burundi, ont rapporté des médias.
M. Ruvakiki a refusé d’inscrire un plaidoyer à l’audience d’aujourd’hui, ont dit au CPJ des journalistes locaux. Dans un appel interjeté en février, la défense avait soulevé de nombreuses interrogations quant à l’équité de la procédure judiciaire, contestant l’impartialité des juges saisis de l’affaire et disant que ces derniers avaient empêché la défense d’accéder aux dossiers concernés. Le journaliste a également déclaré que la défense n’avait pas été informée du verdict de l’appel de février, selon des journalistes locaux
« Faire une entrevue n’est pas un acte de terrorisme. Les autorités burundaises sont en train d’abuser de la loi afin de punir un journaliste pour avoir diffusé des informations qu’elles n’ont pas aimées », a déclaré Tom Rhodes, consultant du CPJ pour l’Afrique de l’Est. « L’arrestation de Hassan Ruvakiki ainsi que les poursuites contre lui ont été marquées par un manque d’équité et de respect de la procédure judiciaire. Cette affaire doit être abandonnée immédiatement », a-t-il martelé.
M. Ruvakiki est détenu à la prison de Muramvya, à environ 50 kilomètres (31 miles) de Bujumbura, la capitale burundaise, a dit au CPJ Patrick Nduwimana, directeur par intérim de Radio Bonesha. Le journaliste a été transféré à trois reprises depuis son arrestation, selon des médias.