New York, le 8 mars 2012–Les autorités guinéennes doivent enquêter et engager des poursuites appropriées contre les gendarmes qui ont agressé une journaliste dans l’exercice de ses fonctions à la Banque centrale de Guinée, a déclaré aujourd’hui le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). La journaliste en question, Kounkou Mara, a eu plusieurs blessures, notamment à la tête, lors de cette agression.
Mme Mara, journaliste du journal privé Le Lynx, s’est vu refuser l’entrée à la Banque centrale de Guinée le 27 février dernier, malgré le fait qu’elle ait présenté sa carte de presse professionnelle aux gendarmes affectés à la sécurité de ladite institution et expliqué qu’elle devait interviewer son gouverneur, selon des médias. Les officiers de gendarmerie lui ont dit qu’elle constituait une menace pour la sécurité des employés de ladite banque et des agents l’ont ainsi jetée dans la rue sur ordre de leur commandant, a déclaré la journaliste à un journal local.
Mme Mara a dit au CPJ que les gendarmes l’ont poussé sans ménagement hors de la banque. Elle a déclaré s’être cognée la tête contre une voiture stationnée. Elle a souffert de multiples contusions sur son corps, soulignant qu’elle a dû aller à l’hôpital pour un traitement. La journaliste a également dit avoir perdu sa carte de presse lors de l’incident.
Mme Mara a déclaré avoir été agressée par quatre gendarmes, mais cela a été contesté par le ministre guinéen de l’Information, Dirus Doré, qui a déclaré au CPJ que seuls deux gendarmes avaient agressé le journaliste et qu’ils sont maintenant interdits de garder la banque. M. Doré a également déclaré que la gendarmerie se chargerait des mesures disciplinaires contre ces agents. Le CPJ a sollicité les commentaires du chef de la gendarmerie guinéenne, le général Ibrahima Baldé, mais ses appels et ses messages sont restés sans réponse.
Bien que cette agression se soit produite il y’a plus d’une semaine, il n’ya eu aucune arrestation ni inculpation, même si le gouverneur de la Banque centrale, Lounsény Nabé, a présenté publiquement des excuses à la journaliste, selon des médias.
« Ce qui est arrivé à Kounkou Mara constitue une agression, et les autorités guinéennes ont l’obligation de mener une enquête criminelle et de traduire les agresseurs en justice », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Le nouveau gouvernement démocratiquement élu de la Guinée a la possibilité de tourner la page des années de violence et d’impunité pour les attaques des forces de sécurité contre les journalistes », a-t-il martelé.
L’employeur de Mme Mara, le groupe de presse Lynx-Lance, ainsi qu’une organisation de défense des droits de la femme ont déposé des requêtes auprès du Conseil national de la communication de la Guinée. La présidente dudit Conseil, Martine Condé, a déclaré au CPJ qu’une réparation avait été requise à la gendarmerie au nom de la journaliste. « Nous sommes sur la bonne voie. Dans les prochains jours, vous saurez de la réparation qui a été accordée », a déclaré M. Condé.