Plusieurs années de répression brutale orchestrée par le régime du Président Yahya Jammeh ont eu raison de la presse indépendante gambienne, jadis florissante, et contraint de nombreux journalistes à l’exil. En août, le gouvernement a contraint Taranga FM, la dernière radio indépendante qui diffusait l’infirmation en langues locales, à mettre fin à ses activités. Tout ce mouvement est intervenu avant l’élection présidentielle du mois d’octobre d’où Yaya Jammeh est sorti vainqueur sans véritable adversaire et ni aucune contestation. La répression officielle a revêtu plusieurs formes au fil des années ; elle s’est notamment traduite par des arrestations arbitraires, la censure, la fermeture forcée de médias, l’intimidation verbale et physique, des incendies criminels, et des poursuites sur fonds de lois restrictives. Ces actions, conjuguées aux attaques impunies contre des organes de presse et des journalistes, ont réduit toute la presse nationale à une poignée de journaux qui travaillent dans un climat de peur intense et d’autocensure. Dans sa politique de promotion de la Gambie au plan international comme une destination touristique de rêve, le gouvernement n’a pas respecté deux décisions de la Cour ouest africaine des droits de l’homme: l’une ordonnant la libération du journaliste « Chief » Ebrima Manneh, porté disparu depuis son interpellation de 2006, et l’autre enjoignant le gouvernement de dédommager un journaliste pour avoir été victime de détention illégale et de torture.
La Gambie
» Une station de radio interdite de traiter de l’actualité
» Le lieu de détention d’un journaliste toujours inconnu
Plusieurs années de répression brutale orchestrée par le régime du Président Yahya Jammeh ont eu raison de la presse indépendante gambienne, jadis florissante, et contraint de nombreux journalistes à l’exil. En août, le gouvernement a contraint Taranga FM, la dernière radio indépendante qui diffusait l’information en langues locales, à mettre fin à ses programmes d’information. Tout ce mouvement est intervenu avant l’élection présidentielle du mois d’octobre durant laquelle Yaya Jammeh est sorti vainqueur sans véritable adversaire ni contestation. La répression officielle a revêtu plusieurs formes au fil des années ; elle s’est notamment traduite par des arrestations arbitraires, la censure, la fermeture forcée de médias, l’intimidation verbale et physique, des incendies criminels, et des poursuites sur fonds de lois restrictives. Ces actions, conjuguées aux attaques impunies contre des organes de presse et des journalistes, ont réduit toute la presse nationale à une poignée de journaux qui travaillent dans un climat de peur intense et d’autocensure. Dans sa politique de promotion de la Gambie au plan international comme une destination touristique de rêve, le gouvernement n’a pas respecté deux décisions de la Cour ouest africaine des droits de l’homme: l’une ordonnant la libération du journaliste « Chief » Ebrima Manneh, porté disparu depuis son interpellation de 2006, et l’autre enjoignant le gouvernement de dédommager un journaliste victime de détention illégale et de torture.
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17
Journalistes en exil, 2001-2011 -
5
Ans d'absence -
4
Menaces présidentielles, 2006-2011 -
0
Arrestation suite aux agressions -
6
Médias interdits, 1998-2011
La violence et l'intimidation ont poussé plusieurs des meilleurs journalistes de la Gambie à sortir du pays. Malgré sa petite superficie, la Gambie est classée 13eme sur la liste des pays qui contraignent le plus leurs journalistes à l'exil, selon des recherches du CPJ.
68 La Somalie
66 L'Iran
55 L'Irak
49 Le Zimbabwe
47 L'Érythrée
25 Le Sri Lanka
20 La Colombie
18 Haïti
18 Le Rwanda
18 L'Ouzbékistan
17 La Gambie
M. Manneh a disparu depuis son arrestation dans sa salle de rédaction par des agents de l'Agence nationale de renseignements. Malgré les témoignages sur l'arrestation de Manneh, les autorités gambiennes ont systématiquement déclaré ne rien savoir sur son sort. Cependant, cela a changé en octobre 201l lorsque ministre de la Justice, Edward Gomez, a dit que M. Manneh était vivant. Seulement, il n'a fourni aucun détail.
Chronogramme de l'affaire Manneh:
Le 7 juillet 2006: Il est arrêté par l'Agence nationale de renseignements dans les studios du journal Daily Observer.
En décembre 2006: Le journaliste Yahya Dampha a déclaré que M. Manneh était détenu au commissariat de police de Fatoto.
Le 25 juillet 2007: M. Manneh est vu sous bonne garde dans un hôpital, en train d'être traité pour hypertension.
Le 5 juin 2008: La Court de Justice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a ordonné la libération de M. Manneh et a instruit au gouvernement de payer des dommages-intérêts à sa famille.
Le 6 avril 2009: Dans un discours à l'Assemblée nationale, le procureur général Marie Saine Firdaus a nié que M. Manneh était placé en détention.
Le 22 avril 2009: Six sénateurs des États-Unis d'Amérique ont demandé à la Gambie de libérer M. Manneh.
En septembre 2009: Le Groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU a demandé la libération immédiate de M. Manneh.
Le 16 mars 2011: Le Président Jammeh a publiquement insinué avoir connaissance du sort de M. Manneh avec une allusion sans précédent sur sa mort: le gouvernement n'a rien à voir avec la mort de Chief Manneh ».
Le 6 octobre 2011: Le ministre de la Justice M. Gomez a déclaré que M. Manneh était vivant.
Avec des propos méprisants et intimidants, M. Jammeh a régulièrement menacé les médias, poussant les journalistes à l'autocensure, selon des recherches du CPJ et des médias.
Les propos hostiles de M. Jammeh:
Septembre 2006: « Le monde entier peut aller en enfer. Si je veux interdire un journal, je le ferai ».
Juillet 2009: « Tout journaliste qui pense qu'il peut écrire ce qu'il veut et rester libre fait une grosse erreur. Si un journaliste est arrêté sera sévèrement puni ».
Septembre 2009: « Je vais vous tuer, et il n y'aura aucune conséquence. Nous n'allons pas fermer les yeux sur les personnes se présentant comme les défenseurs des droits humains au détriment du pays ».
Mars 2011: «Si je dois fermer un journal, parce que vous avez violé les lois, je le ferai. ... Je ne vais pas, billahi wallahi, sacrifier les intérêts, la paix et la stabilité et le bien-être de la population gambienne à l'autel de la liberté d'expression, la liberté de la presse, la liberté de mouvement, ou la liberté de quoi que ce soit ».
L'impunité pour les attaques contre la presse a été totale au cours de la dernière décennie. Aucune arrestation ni aucune condamnation n'a été prononcée pour les incendies criminels de maisons de presse, l'assassinat d'un éminent journaliste, et la mort par balle d'un autre.
Attaques impunies contre la presse:
Meurtre: Deyda Hydara (16 décembre 2004)
Incendie criminel: Domicile du journaliste Ebrima Sillah (15 août 2004)
Incendie criminel: Imprimerie du journal The Independent (13 avril 2004)
Incendie criminel: The Independent (octobre 2003)
Incendie criminel: Radio 1 FM (août 2000)
L'administration a muselé de nombreuses sources d'information indépendantes au fil des ans, en imposant des interdictions temporaires ou permanentes. Les médias qui ont été autorisés à reprendre leur opération ont souvent cessé la couverture de l'actualité ou ont commencé à exercer une autocensure intense.
Médias fermés de manière temporaire ou permanente:
1998: Citizen FM (a repris son opération sans couverture de l'actualité)
2005: Sud FM (fermé)
2006: The Independent (fermé)
2008: Radio France Internationale (autorisée à reprendre ses opérations)
2010: The Standard (a repris son opération en pratiquant l'autocensure)
2011: Taranga FM (a repris son opération sans couverture de l'actualité)