En effet, la Guinée-Equatoriale est l’un des quelques pays d’Afrique sub-saharienne qui ont imposé à leurs médias publics une interdiction totale de la couverture des événements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, selon des recherches du CPJ.
Vendredi dernier, le secrétaire d’État équato-guinéen chargé de l’information et de la presse, Federico Abaga Ondo, a fait irruption dans les studios de la Radio télévision nationale de Guinée-Equatoriale (RTVGE) et ordonné aux techniciens de couper le micro du journaliste Juan Pedro Mendene, selon des journalistes locaux. M. Ondo a alors ordonné à M. Mendene, l’animateur de « Détente Intégrale », une émission hebdomadaire interactive, éducative d’une heure en langue française, de sortir du studio, lui interdisant d’y revenir, selon les mêmes sources.
S’adressant au CPJ aujourd’hui, M. Mendene, surnommé par les auditeurs « Le Guide » en raison du caractère éducatif de son émission, a affirmé que son crime aurait été d’avoir énoncé le refrain introductif de son émission dans lequel il déclare qu’il n’est ni « le guide de l’humanité » ou « le guide de la révolution libyenne ». Selon des journalistes locaux, M. Ondo aurait interprété cette dernière référence comme allant à l’encontre de la politique de la station d’État de ne pas traiter des événements en Libye, en Tunisie, en Egypte, en Algérie, au Maroc, au Yémen et en Côte-d’Ivoire.
« Nous condamnons la suspension de Juan Pedro Mendene pour avoir tout simplement fait allusion à la Libye », a déclaré le coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du CPJ, Mohamed Keita. « Nous appelons les autorités à lever immédiatement cette suspension et à mettre fin à la censure des informations sur le Moyen-Orient et la Côte-d’Ivoire», a-t-il ajouté.
La président équato-guinéen, Teodoro Obiang, qui préside l’Union Africaine, réprime les dissidents et contrôle les médias du pays d’une main de fer depuis près de 32 ans de règne. La presse ainsi intimidée pratique l’autocensure et évite tout reportage d’investigation, notamment au sujet des allégations de détournement des revenus pétroliers par l’élite dirigeante qui font l’objet d’une enquête internationale en cours, selon des recherches du CPJ.